Marie-Antoinette

Chorégraphie : Thierry Malandain

Distribution : Malandain Ballet Biarritz

Musiques : Haydn (Symphonies 6, 7, 8 et 73); Gluck (Orphée et Eurydice, extrait)

Marie-Antoinette, Malandain Ballet Biarritz-ph.Olivier Houeix

Le Château de Versailles invite à la cour Thierry Malandain. Il ne pouvait qu’être attiré par la reine Marie-Antoinette, figure de l’histoire de France si contrastée, à la fois aimée et culpabilisée. C’est un voyage dans le temps, une renaissance pour Son Altesse Royale, grâce au Malandain Ballet Biarritz et à l’Orchestre Symphonique Euskadi-Donostia San Sébastien

Pour cette création, Thierry Malandain se concentre sur la période où Marie-Antoinette a vécu à Versailles. Comme cadre, l’Opéra Royal du château de Versailles ne pouvait être que le meilleur. De fait, il avait été construit et inauguré pour le mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette et leurs noces s’étaient déroulées à cinquante mètres du théâtre, dans la chapelle.

Son orchestre actuel pouvait se transformer en une salle, ce qui se produisit car lors du repas de noce, un spectacle eut lieu là, la cour étant dans les loges. Et même le dernier repas royal, avant le départ du roi et de la reine à Paris vers les Tuileries, se déroula dans le théâtre. Le propos de Thierry Malandain est de tracer un portrait de Marie Antoinette pendant ses années à Versailles, rien d’autre, d’autant plus qu’elle ne voyageait pas beaucoup ; elle restait dans les alentours de Paris, en allant de château en château.

Le chorégraphe, comme un romancier à l’écriture riche et haletante, nous conduit dans la vie de la dernière reine de France à travers les lieux, les personnages et les événements marquants de sa vie. Il le fait autour de quatorze chapitres, sans aucune rupture, rythmés par les Symphonies 6, 7, 8 et 73 de Haydn, jamais utilisées pour un spectacle, et un extrait de l’Orphée et Eurydice de Gluck, choix qui n’a pas été fait par hasard puisque Marie-Antoinette avait pris à Vienne des leçons de clavecin auprès du compositeur et que celui-ci fut invité par elle-même à Paris.

Thierry Malandain, avec son regard profond, ne cerne pas seulement Marie-Antoinette (Claire Lonchampt) mais certainement aussi Louis XVI (Mickael Conte), roi qui arrive à consommer son mariage seulement après 7 ans, puis Louis XV (Frederick Debert) avec ses ardeurs vers la Comtesse du Barry (Miyuki Kanei) ; Marie-Thérèse d’Autriche (Irma Hoffren), mère sévère et protectrice, le Comte de Mercy-Argenteau (Arnaud Mahouy). Leurs rôles et leurs aspects psychologiques émergent d’autant plus que Thierry Malandain reste fidèle pendant tout le ballet à un style baroque épuré, modernisé, avec un vocabulaire précis, donnant des ouvertures vers des mouvements élégants, allongés, créateurs de belles lignes.

Marie-Antoinette, frivole, joueuse, cultivée, mère et insoumise reine de France avec tous ses rêves est mise en avant dans les différents tableaux, notamment celui de La Reine du Rococo ou mon truc en soie où un jeu d’éventail dorés valorisent sa coquetterie ; puis celui du Badinage, où le Comte Mercy-Argenteau avec Marie-Thérèse interviennent pour contrôler sa frivolité , ou bien encore celui du Hameau, représentation de l’extension des jardins du Trianon où elle pense de pouvoir vivre une vie bucolique.

Nous assistons aussi à un ballet dans le ballet : Persée (1682) de Philippe Quinault et Jean-Baptiste Lully, où Persée tranche la tête de Méduse, qui avait été joué à la cour en présence du couple royal.

Dans l’épilogue, la messe est dite : dans un tableau chorégraphique où la gestuelle des danseurs devient plus puissante et sans aucune image directe, un bruit de lame de guillotine signe  le destin de la Reine.

Marie Antoinette-ph.Olivier Houeix

Opéra Royal du Château de Versailles, 29 Mars 2019

Antonella Poli

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