Cendrillon

Il était une fois……Le charme du conte de Cendrillon perdure et l’éternelle histoire de la jeune fille et de sa célèbre chaussure revit toujours, suscitant le même intérêt que par le passé auprès des plus grands chorégraphes et musiciens.

C’est grâce à Charles Perrault et aux frères Grimm que la magie commença en 1697. La première mise en scène sous la forme d’un ballet, nous la retrouvons en 1945 quand le chorégraphe Rotislav Zakharov crée la première version dansée en trois actes. Puis Noureev avec sa relecture moderne où Cendrillon devient une star de cinéma, jusqu’à l’incroyable version faite des poupées de Maguy Marin et à la très récente de Pontus Lindberg (2012), jeune chorégraphe norvégien.

Aujourd’hui, en 2013, c’est Thierry Malandain, directeur du Centre Chorégraphique de Biarritz, qui s’approprie l’histoire pour la refaire danser.

Le conte est bien connu, mais pourquoi inspire-t’il encore la créativité de grands artistes ? Nous pouvons trouver les réponses à partir de cette nouvelle création présentée en première à St. Sébastien et qui a été accueillie à l’Opéra Royal de Versailles.

Dans ce cadre prestigieux, comment anticiper mieux l’heureux destin de Cendrillon ?

Mais à part cela, le chorégraphe fait un travail impeccable. La chorégraphie simple et intense, très classique et élégante, met en valeur les qualités de ce personnage féminin qui vit son rêve jusqu’au bout pour qu’il devienne réalité.

Thierry Malandain se montre encore une fois un chorégraphe très musical : chaque pas suit parfaitement la partition de Prokofiev, parfois répétitive dans le thème. Mais le langage chorégraphique a le mérite d’être étincelant et très varié. Au contraire de Roméo et Juliette où la musique de Berlioz se suffisait à elle-même, la danse fait ici vibrer encore plus la musique.

Il nous semble que pour Malandain cette création signifie s’approprier et mettre en scène ce qui le touche le plus : la pureté des lignes, la construction des duos, la représentation des sentiments. Et il le fait avec une grande maîtrise et une grande sensibilité, grâce aussi aux artistes de sa compagnie et en particulier à Miyuki Kanei et Daniel Vizcajo, couple qui danse avec une légèreté extrême et qui nous fait rêver.

A ne pas oublier, le décor : il ne change jamais, des dizaines de chaussures pointues noires, avec des talons, suspendues tout au long de fils qui descendent parallèles aux parois de la scène. On se croit face à un vol d’hirondelle si on le regarde de loin. Cette atmosphère aérienne accompagne toute la pièce, il n y a jamais de sévérité, même quand c’est à la maitresse ou aux deux soeurs de jouer leur rôle.

En revanche, leurs personnages sont ironiques : la maitresse avec des béquilles et les deux soeurs, jamais trop méchantes avec leur petite soeur. On saisit toute leur fragilité, alors que Cendrillon, dans son silence, brille et accompli son heureux destin.

Et Malandain nous surprend dans le final, faisant saluer les danseurs sur les dernières mesures de la partition : une idée pour remplir une musique qui se révèle trop longue pour la conception chorégraphique ou bien un choix raisonné ? En tout cas, le défi est réussi : la magie de l’histoire et la beauté du ballet s’affirment et le public apprécie beaucoup.

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