Colossus

Chorégraphie : Stephanie Lake

Distribution : Les élèves du CNSMD

Musiques : Robin Fox

Colossus-ph.Marc Gambino

La chorégraphe australienne Stephanie Lake a repris pour les élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) sa création Colossus (2018) qui est présentée à Chaillot – Théâtre national de la Danse du 2 au 5 Juin.

La scène s’ouvre avec 54 danseurs présents sur le plateau, allongés côte à côte, serrés au point de confondre les silhouettes, réalisant un large ruban circulaire.

Cette forme mythique, ayant toujours subtilement une connotation sacrée, annonce dès la mise en mouvement, un profond travail antérieur d’élaboration effectuée par la chorégraphe bien que les répétitions aient pu être effectuées seulement via zoom à cause des mesures de restriction pour les déplacement dues à la COVID-19.

ph.Mark Gambino

Le large cercle s’anime en maintenant sa structure, démontrant la force de cohésion du groupe, encore rassemblé par une tenue identique pantalons et tee-shirt noirs, les masques dus aux mesures sanitaires accentuant encore l’uniformisation et l’effet de masse.

La qualité des mouvements à l’unisson est saisissante, orientant brusquement les pieds et les têtes, redressant les torses, resserrant encore les corps, mobilisant une énergie qui déferle telle une vague provoquant une ondulation progressive de l’ensemble.

ph. Bryony Jackson

De cette danse chorale se détache une danseuse qui, se plaçant au centre du cercle, en prend la commande, imposant bascule des corps et trémulations des membres. Certains gestes sont un signal qui orchestre des réactions fédérant cette communauté d’interprètes. Son piétinement nerveux sur place devient contagieux, gagnant cette foule qui évolue et se scinde en sous-groupes, jouant alors à s’affronter dans des appels – réponses et des pseudo-rivalités.

Une nouvelle formation scénique s’annonce. Assis, debout, alignés, la géométrie groupale évolue et se transforme en une motricité endiablée et cadencée grâce aux rythmes soutenus de la composition musicale électronique de Robin Fox. L’éclairage (lumières de Bosco Shaw) démultiplie un moment l’agitation des bras tendus et des postures par leurs ombres projetées sur un fond de scène blanc.

Mais le groupe sait aussi échapper à cette organisation mécanique formelle : éparpillement, duos dissidents et libres, gestualité précise inventive grandiose ou minimale, variations spatiales. Traverser le plateau, sauter, ramper, courir, s’effondrer, devenir spectateurs d’eux-mêmes, sont autant de gammes vivantes réjouissant l’audience.

ph.Mark Gambino

La pièce s’écoule en enchainant les différentes séquences, sans connaître d’interruption dans la contamination dynamique et dans la maitrise de la synchronie collective mais où, cependant, chacun peut proposer son expressivité individuelle momentanée.

C’est d’ailleurs sur un bref et vibrant solo que se termine cette pièce joyeuse, provoquant des ovations en miroir : le public et les élèves du conservatoire s’applaudissent réciproquement rejoints par Stéphanie Lake qui apparait sur un écran, connectée depuis Melbourne.

Chaillot – Théâtre national de la Danse, 2 Juin 2021

Jocelyne Vaysse

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