Dutch Masters

Chorégraphie : Van Manen, Kylián, Christe

Distribution : Introdans

Musiques : Mozazrt, Gorecki, Mahler, Pärt

Cantus, ch.Christe-ph.Bellocq

Le festival Le Temps d’aimer la Danse, qui a lieu à Biarritz du 6 au 15 Septembre, a invité trois grands maîtres de la danse néoclassique pour sa soirée d’ouverture, Dutch Masters, le 6 Septembre dernier. Andante et Polish Pieces de Hans Van Manen, Chant d’un compagnon errant de Jiří Kylián et Cantus de Nils Christe, ont été à l’affiche du programme interprété par la compagnie néerlandaise Introdans. Cette dernière est aujourd’hui une des plus grandes compagnies des Pays-Bas composée de trente-cinq danseurs : dirigée par Roel Voorintholt, il est rare de la voir en France, raison pour laquelle nous avons assisté à une belle découverte.

On a pu constater les bonnes qualités techniques des danseurs ainsi qu’une forte cohésion parmi eux tous.

Andante de Van Manen sur la musique de la Sinfonia n.40 de Mozart a ouvert la soirée. Ce duo, une des formes privilégiées du chorégraphe néerlandais, touche à la fois par la finesse de ses mouvements et par l’humour qu’elle dégage. Les deux danseurs interprètes, Yulanne de Groot et Pascal Schut, ont su transmettre au public les émotions de l’histoire d’un couple : leur danse est capable de se substituer à un dialogue verbal tant la chorégraphie se révèle expressive.

Puis, ce fut Polish Pieces, un des ballets les plus colorés et dynamiques de Van Manen. Les danseurs inspirés de la musique de Gorecki, se réunissent et se dispersent sur la scène à grand rythme selon des lignes et des parcours géométriques. La chorégraphie est un joyeux kaléidoscope de mouvements simples, mais exécutés de manière brillante, dégageant une grande énergie. Cela contraste avec les trois pas de deux sensuels qui apaisent l’atmosphère, apportant le calme sur scène après les nombreux moments d’exubérance. 

Polish Pieces, ch.van Manen-ph.Bellocq

Dans la deuxième partie du programme, on entre dans deux univers différents grâce aux langages chorégraphiques plus intérieurs de Kylián et Christe.

Le chant d’un compagnon errant sur les Lieder éponymes de Mahler, explore le thème universel de l’existence de l’homme face à une malheureuse histoire d’amour. Les cinq pas de deux conçus par Kylián sont très poétiques et chorégraphiquement très écrits. On ne peut que se laisser transporter par l’alchimie de chaque couple, si intense et subtile. Cette pièce, créée en 1982, fait partie de la première partie de la carrière du chorégraphe tchèque. Son langage est déjà très musical, mais on ne retrouve pas la gestuelle sensuelle qui deviendra un des éléments caractéristiques des œuvres successives. Le Chant d’un compagnon errant est construit sur des images pures et équilibrées, qui expriment les rapports intimes entre les protagonistes en se focalisant sur une analyse introspective. La beauté esthétique et en même temps abstraite, constitue un des facteurs captivants de la pièce.

Quant à Cantus de Nils Christe, dernier ballet de la soirée, il est interprété par un ensemble de treize danseurs, qui ont tous ainsi la possibilité de se produire – en solo ou en duo. Nils Christe est bien connu pour sa rigueur extrême dans la notation de la danse et pour sa grande sensibilité musicale. À travers la chorégraphie, il crée une deuxième partition mettant en valeur les sonorités et la mélodie des musiques, pour Cantus, celles de Arvo Pärt.  Ainsi, le ballet de Nils Christe valorise les qualités de chaque danseur qui ont l’opportunité de montrer toutes leurs qualités artistiques. Tous les interprètes, sans exception, ont une bonne technique ; ils touchent les spectateurs avec leurs appuis légers, leurs tours, leur plasticité et musicalité. Les rythmes rapides, le synchronisme dans les scènes de groupe, marquent le public qui quitte enchanté, la salle de la Gare du Midi.  

Antonella Poli, Biarritz 6 Septembre 2019

 

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