Nijinsky

Chorégraphie : Marco Goecke

Distribution : Gauthier Dance/Dance Company Theater Haus Stuttgart

Musiques : Chopin, Debussy

ph.David Herrero

Le Monaco Dance Forum a proposé comme deuxième rendez-vous Nijinsky, de Marco Goecke, avec la Gauthier Dance/Dance Company Theater Haus Stuttgart.

Le chorégraphe, après avoir composé Le Spectre de la rose, se plonge dans l’univers du grand danseur russe, un projet qui lui tenait à cœur. La pièce, créée en 2016 à Stuttgart, a été présentée à l’Opéra Garnier de Monaco.

Le chorégraphe construit la pièce par tableaux qui vont constituer ses trois parties. La première, qui est une sorte de prologue, s’ouvre avec un solo de cinq minutes d’un danseur équipé d’une cagoule qui représente Nijinsky. Mais à part cela, ce qui est important dans ces premières séquences est l’apparition de Diaghilev, fondateur et auteur du succès des Ballet Russes et surtout la volonté de montrer le bouillonnement de la danse en Russie. De beaux passages sont offerts au public, la danse est mise à l’honneur grâce aussi à la présence de deux danseurs qui représentent Tersichore, la déesse de l’art chorégraphique.

La deuxième partie met en valeur la prédisposition de Nijinsky à la danse au moment de son entrée à l’Académie. On reconnait ses premiers exercices à la barre et toute l’évolution de sa technique. La passion et la volonté qui l’animaient sont rendues sur scène grâce à un langage chorégraphique essentiel et puissant. La figure de Marta, sa mère, avait été très importante dans l’évolution de la carrière de Nijinsky et Marc Goecke arrive très bien à rendre cet aspect. Elle est une figure centrale et forte qui soutient son fils dans l’accomplissement de son rêve. Finalement, cette deuxième partie se clôt avec Nijinsky au sol qui s’endort en rêvant des Ballet russes…

La troisième partie entre dans la carrière du grand danseur à travers des images de trois de ses représentations parmi les plus célèbres : L’Après-midi d’un faune où Marco Goecke pose l’accent sur une connotation profondément sexuelle ; Petrouchka, la marionnette, où la pantomime prend le dessus et le Spectre de la Rose, passage très spirituel où un dieu rend visite à une femme plongée dans son sommeil. La séquence la plus intense d’un point de vu émotionnel reste le final : Nijinsky se retrouve seul face à sa maladie qui est son démon. Il se renferme sur lui-même, dessinant des cercles qui ne lui laissent pas de voie de sortie.

Le langage minimaliste et la gestuelle saccadée et nerveuse de Marco Goecke, accompagnés par des lumières basées sur la technique du clair-obscur, rendent cette pièce intimiste et contribuent à créer un univers sombre et trouble, celui qui malheureusement marquait la vie de Nijinsky pendant les années de sa maladie. Dès les premières séquences, on ressent l’inquiétude et la profondeur de son monde intérieur qui le poussa vers l’abîme.

Monaco, Opéra Garnier 14 Décembre 2017

 

 

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