Now

L’américaine Carolyn Carlson n’a plus besoin d’être présentée. Cette infatigable chorégraphe se produit depuis une quarantaine d’années sur les scènes internationales, elle inaugure avec Now ses deux ans de résidence au sein du Théâtre National de Chaillot. Après avoir dirigé le CCN de Roubaix pendant sept ans, une nouvelle aventure commence pour cette artiste très sensible aux valeurs de la poésie, des arts martiaux et de la philosophie.

Ses oeuvres, et notamment la dernière, naissent d’une réflexion profonde sur des thèmes universels. Sa recherche et son travail s’orientent vers la création d’un langage chorégraphique poétique, basé sur l’improvisation et ouvert sur d’autres disciplines.

Ce qui caractérise Now, c’est une réflexion autour du concept du temps et de l’espace, s’inspirant particulièrement de l’oeuvre de Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, où le philosophe porte son attention sur nos dimensions humaines. Le titre du ballet est d’ailleurs emblématique, il sonne comme une exhortation à savoir jouir du présent, et à le saisir  » maintenant  » avant qu’il ne soit trop tard. Cela rejoint l’idée du carpe diem latin et la pensée du Dalaï-lama, citée par la chorégraphe elle même :  » Il n y a que deux jours pour lesquels on ne peut rien : hier et demain. Aujourd’hui est le jour idéal pour aimer, croire, faire, vivre. « 

La pièce est un voyage amenant sur le sentier de la réflexion philosophique: l’homme doit résoudre un dilemme qui le confronte à un choix impossible, celui de privilégier son propre espace intime ou de s’ouvrir vers un espace plus universel. Le dilemme trouve in fine sa solution dans la cohabitation de ces deux espaces, c’est le message transmis par cette pièce. Au début, on met l’accent sur la valeur affective d’une maison et la douceur incomparable d’un foyer.

Ces lieux d’amour et de protection symbolisent l’attrait d’un espace intime où l’on vit heureux avec ses proches. Les images et les mots choisis pour accompagner le début de la pièce sont très poétiques, et font référence à la construction symbolique d’une maison. Sur scène, on fait défiler une porte  » en érable rouge, qui était enterrée sous un enchevêtrement de roses « , cette description est un extrait du texte récité par une des danseuses. Ensuite, les sept danseurs expriment leur félicité en dansant librement. Leurs mouvements sont très fluides et spacieux, particulièrement lors des ports de bras.

Puis vient un passage où l’on découvre une dimension plus universelle de la vie. Cette dernière est incarnée par un arbre, et représentée dans une projection vidéo par un jardin. Cela invite à la réflexion sur les problèmes écologiques de la planète qui devraient interpeller tout un chacun.

La musique de René Aubry, fidèle collaborateur de Carolyn Carlson, accompagne merveilleusement les danseurs et accentue l’effet chorégraphique recherché. La gestuelle est d’autant plus touchante que les danseurs l’exécutent de manière magistrale.

Avec ce ballet, Carolyn Carlson nous offre encore une fois un joyau artistique d’une grande poésie. Fidèle à son style, la chorégraphe ne cesse d’avoir un regard interrogateur mais toujours optimiste sur l’être humain.

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