Play

Chorégraphie : Alexander Ekman

Distribution : Les étoiles, les premiers danseurs et le Corps de Ballet de l'Opéra National de Paris

Musiques : Mickael Karlsson

Play-ph.Ann Ray

Ludique, onirique et magique. Ce sont les trois adjectifs qui illustrent cette nouvelle création d’Alexandre Ekman pour l’Opéra National de Paris. Aurélie Dupont, directrice de la danse, a fait le bon choix en invitant le chorégraphe prodige suédois à travailler avec une des compagnies les plus célèbres au monde.

Alexandre Ekman,  se situe aujourd’hui parmi les chorégraphes qui ont une vision moderne de la danse, en lui apportant une grande créativité tout en restant dans le respect des canons traditionnels. Ceci, d’une part du fait de sa formation, d’autre part grâce à ses qualités créatives qui lui permettent de dépasser les structures classiques du ballet. On reconnait sa signature. Même des pièces qui voulaient révoquer des anciens ballets du répertoire, notamment Swan Lake,  surprennent par leur approche originale.

Play, qui sera présenté au Palais Garnier jusqu’au 31 décembre, nous donne une leçon de comment  des danseurs avec une formation classique peuvent se transformer habilement en joueurs, acteurs, sans rien perdre de leur capacité.

Le premier acte est bouleversant. Le chorégraphe emploie les danseurs de l’Opéra National de Paris comme un groupe scolaire qui s’amuse dans la cour de récréation ou bien pendant un cours d’éducation physique ou encore pendant une fête entre amis. L’invitation à cet aspect ludique est soulignée par des phrases projetées : « Joue avec moi.. », « nous essayons de jouer… », « le jeu a-t-il commencé ? », ou bien encore « je n’ai pas envie de jouer aujourd’hui ». Et pourquoi ne pas rêver de se retrouver sur la lune en compagnie de géants habillées de jupes très larges  qui traversent le sol tout en douceur ?

Par moments, les danseurs peuvent se transformer en girafes ou chevaux qui parcourent les diagonales de la scène en sautant. Cet aspect imaginaire conduit le spectateur dans un univers peuplé de créatures à moitié humaines et à moitié cerfs. C’est un passage très esthétique car la danse classique réapparait sous une nouvelle forme, plus libre et privée de contraintes.

Le final du premier acte voit la victoire du jeu symbolisée par l’apparition de centaines de balles colorées qui se dispersent sur la scène.

Dans le deuxième acte, les esprits s’apaisent et la danse devient minimaliste avec des mouvements, surtout les ports de bras, géométriques. On pourrait se croire au bureau ou dans une usine mais cette atmosphère est toute de suite adoucie par un tableau d’ensemble éclairé par des bougies dans les mains des danseurs.

Il est rare de voir autant d’idées si bien mises en place, élaborées pour constituer plus qu’un ballet, plutôt un opéra chorégraphique plein de surprises. Ce n’est pas la peine de chercher un sens à toutes les séquences car chaque image, chaque tableau, doit être apprécié et vécu pour ce qu’il dégage.

La musique de Mickael Karlsson, qui a déjà collaboré avec Alexander Ekman plusieurs fois, apporte l’étincelle magique à la chorégraphie. Un orchestre composé de saxophones (soprano, alto, ténor et baryton), violons, piano, violoncelle et percussions enchaine des mélodies différentes, résultat d’un travail d’improvisation qui pourrait créer un chaos temporaire mais qui au contraire amuse.

Le chant de Calesta, « Callie », Day renforce et rend homogènes les sons. Le public est enchanté, applaudi toute la richesse de Play et de son chorégraphe qui a osé rendre sur scène de manière si intelligente différents registres.

                                                                                                                                                                                             Antonella Poli

Muriel Zusperreguy (première danseuse) et Stéphane Bullion (étoile)-ph.Ann Ray

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