The State

Chorégraphie : Edmond Russo, Shlomi Tuizer

Distribution : Cie Affari Esteri

Musiques : Louis Andriessen, Elysian Fields

The State est la dernière création d’Edmond Russo et Shlomi Tuizer présentée le 27 janvier dernier dans le cadre du festival Art Danse, organisé par le Centre de développement chorégraphique Dijon, Bourgogne. Les deux chorégraphes, le premier d’origine italienne et le second israélienne, ont confirmé leur extrême attention à l’écriture chorégraphique que d’autres semblent négliger. Après Guerrieri et Amorosi dans lequel ils avaient exploré la fragilité de l’intimité du couple, voilà qu’aujourd’hui ils proposent un travail sur les rapports sociaux qui se révèle très riche.

Le titre de cette création reprend celui d’une des deux partitions musicales choisies, De Staat, du musicien néerlandais Louis Andriessen. Il s’agit d’une musique qui s’inspire aussi bien du minimalisme américain des années 1960-70 que du style expressif et lyrique influencée de Stravinsky. Ajoutons comme autre source d’inspiration, le dialogue de Platon, La République dans lequel le philosophe grec propose son projet pour une société idéale. En se fondant sur ces éléments, Edmond Russo et Shlomi Tuizer construisent une chorégraphie basée sur un langage très écrit, précis et bien rythmé.

Les quatre interprètes de la pièce constituent un microcosme dans lequel ils tentent de trouver les dynamiques nécessaires à une cohabitation harmonieuse. Chacun est animé d’une part par une forte volonté de montrer sa propre individualité, et d’autre part par le désir de s’intégrer dans un tissu relationnel. Cela explique la variété de la gestuelle qui caractérise l’exécution de chaque danseur. Leurs corps deviennent de véritables instruments d’expression capable de dévoiler un vocabulaire riche d’images dansées. Les mouvements sont toujours animés par une grande délicatesse même dans les moments les plus forts quand la cohabitation devient plus difficile. Cette première partie est aussi enrichie par des moments de pause marqués par les regards des danseurs fixés sur l’horizon du public. Ce sont des instants qui permettent aux interprètes de se détacher les uns des autres et s’ouvrir vers le monde extérieur.

La deuxième partie de The State entraîne le public vers un état d’apaisement qui contraste avec l’énergie de la première partie, malgré les musiques du groupe Elysian Fields plutôt d’inspiration rock. On retrouve une atmosphère intime mise en valeur par la sensibilité des danseurs qui arrivent à « se sentir » et à construire des rapports plus intenses. Ce calme pourrait être le résultat de toute la dynamique qui avait animé la première partie. Les danseurs semblent trouver un état idéal grâce aux enseignements exposés dans le dialogue de Platon, en particulier à travers l’allégorie de la caverne. Le travail d’Edmond Russo et Shlomi Tuizer, en tant que chorégraphes contemporains, se révèle de manière nette grâce à leur engagement dans la recherche et l’approfondissement d’un langage chorégraphique personnel.

Théâtre Mansart, Dijon 27/01/2017

Partager
Site internet créé par : Adveris