Latitudes contemporaines

Du 3 au 27 Juin 2021

Lille

 Après les conditions restrictives liées aux problème sanitaires dus à la pandémie de la Covid 19, Lille et sa métropole dont 14 lieux partenaires œuvrent pour reprendre le Festival pluridisciplinaire de la scène contemporaine internationale, « Latitudes Contemporaines ». Cette 19ème édition, augmentée par rapport à celle de 2020 qui a du être annulée, assure 40 spectacles et 59 représentations.

Les aspects sociétaux et l’actualité, rassemblés sous le thème de la féminité, ont guidé le choix des organisateurs ; la danse et la performance, le théâtre et les concerts offrent diverses modes de représentation répondant à une large réflexion :

– Figures en crise et figures tordues

– Transformer le réel à la mesure de nos désirs

– Comment conjurer la norme

La présence du féminin sur scène comme la femme artiste est à l’honneur dans la création d’œuvres selon des schémas socio-culturels qui soulignent des évolutions, déconstruisent et explorent des situations contemporaines, proposant ainsi trois volets.

1 – Archives vivantes et Gestes du présent

Ces spectacles s’appuient sur des danses urbaines reprenant un vocabulaire gestuel à la fois historique et vecteur de revendication, dont Un boléro et  ses liens au flamenco et à la figure d’Ida Rubinstein des Ballets Russes avec François Chaignaud ; dont l’investissement du corps en tant que archive avec Daté.e.s  de Pol Pi ; en tant que  mémoire d’un passé esclavagiste et d’immigrations présentée dans « un tour du monde » de danses violentes, énergiques des villes et des rues avec Ana Pi.

2 – Turbulence des corps dissidents

Le corps dansant se fait expression des désirs au travers de figures agressives et transgressives, depuis des sorcières historiques jusqu’au transhumanisme.

Me Too, Galatée traduit la domination masculine et l’appropriation patriarcale normée du corps féminin au travers du mythe de Pygmalion avec le chorégraphe d’origine brésilienne Pol Pi.

Latifa Laâbissi et Antonia Baehr avec Consul & Meshie se lancent dans une comparaison anthropologique et identitaire entre le monde de chimpanzés, poilus impertinents et libres de mœurs, élevés par des humains au début du 20ème siècle et les atouts propres à ces derniers qui se distingueraient de ces humanoïdes simiesques.

Moving alternatives de Anne Collod réanime le travail de Ruth Saint Denis et Ted Shauwn confrontant les gestes d’hier et d’aujourd’hui ; tandis que Nina Santès croise la performance, le chant et encore la sorcellerie, le chamanisme avec des corps hybrides, marginaux dans  Hymen hymne.

François Chaignaud et Nino Laisné complètent ce volet avec une épopée musicale convoquant l’Orlando furioso du XIV siècle et des créatures hybrides, androgynes, intemporelles.

3 – Décentrer les regards sur le monde

Les Contes immoraux, Maison mère de Phia Menard inaugure un triptyque où il est question d’un toit en carton rafistolé faisant office de temple ou de maison qu’une seule pluie d’orage réduit en bouillie, à l’image des sans-abris du monde entier déployant ses guerres.

« Mami wata » à la fois déesse des eaux et sirènes échouées, s’incarne dans Mascarades, livrant sa sexualité, ses cris, ses déclamations et sa modernité au public avec la camerounaise Betty Tchomanga.

Deux femmes françaises Aurélie Charon et Caroline Gillet produisent Radio Live, un spectacle vivant à partir d’une série radio donnant la parole à une jeunesse internationale non résignée, désireuse d’échanges et d’actions.

Enfin Barbare de Mélodie Lasselin et Simon Cappelle  clôt ces regards décalés avec une série de performances – théâtre – installation – films autour des « fantasmes et figures de nos cultures » et autres barbaries.

Recourant aux musiques classiques, au pop jazz et aux sons et rythmes d’Afrique, les spectacles en plein air, jardins et ruelles ou en espace fermé côtoient ceux offerts aux adultes ainsi qu’au jeune public, dont un  projet européen avec l’ALEFPA, association pour jeunes placés en foyer en situation d’exil ou de difficultés intra-familiales,

Ce festival se veut donc éclectique, réjouissant, audacieux, questionnant le genre, fédéré par l’identité féminine et sa présence sur scène.    

Jocelyne Vaysse

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