Le nouvel élan d’Yvann Alexandre

Après plus de trois décennies d’un parcours profondément inscrit dans le paysage chorégraphique français et international, Yvann Alexandre annonce la dernière saison artistique de sa Compagnie créée en 1993 à Montpellier afin de se consacrer à d’autres projets, toujours en relation avec le spectacle vivant. L’heure est maintenant venue de tourner une page et de préparer la suivante afin d’être acteur à d’autres endroits, comme Yvann Alexandre le fait depuis 2019 à la direction artistique du Théâtre Francine Vasse à Nantes ou à la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) où il est actuellement vice-président Danse et Musique.

Depuis sa première pièce réalisée à 16 ans, jusqu’aux dernières créations actuellement en tournée, Yvann Alexandre a signé un parcours rare, engagé, poétique et atypique débutant toujours par la rencontre humaine et cheminant par la transmission pour se muer, au fil de l’écriture, en œuvres singulières. Avec un attachement tout particulier à l’abstraction et au mouvement et ce, avec fidélité à la notion de ligne, la gestuelle très précise du chorégraphe fourmille de détails et s’organise comme une calligraphie de l’intime. Sa manière de composer sur partition avec une notation personnelle, s’est affranchie dans la dernière décennie de ses propres codes, au profit d’une interaction directe avec les interprètes et d’un nouvel élan artistique incarné notamment par la création Infinité.

Infinité

Un style impeccable

Nous pouvons rappeler aussi ses créations Les fragments mobiles, dans le lieu prestigieux de la Conciergerie à Paris (2017), Solis Noirs (2015) ,Origami (2019) ou bien encore Se méfier des eaux qui dorment (2021),un clin d’œil au Lac des Cygnes ou Lac des Signes. Si ses pièces sont construites en observant une logique impeccable dans la construction des mouvements, Yvann Alexandre nous a laissé toujours percevoir l’invisible que la danse doit transmettre en nous offrant une multiplicité de formes. Chaque geste invite le spectateur à chercher et à s’ouvrir sur l’imaginaire. 

 

Dans l’ouvrage Paris danses d’auteur (2017) dédié aux vingt-ans du festival Faits d’hiver, à propos de Fragments mobiles nous avons remarqué que : « Surement la richesse d’une gestuelle simple mais recherchée parce que sa force nait de l’attention du détail. Le mouvement d’un doigt ou d’une main peut générer par exemple celui d’une jambe ou d’une partie du corps de son propre partenaire. Le travail d’Yvann Alexandre est d’autant plus important qu’il a réussi à créer une multitude de séquences chorégraphiques différentes sans jamais être répétitives ».

Nous pouvons citer aussi son dernier film, Une île de danse où la danse intègre des différents lieux où les danseurs se produisent, en leur donnant une âme et en amplifiant leur beauté. Les interprètes, au milieu de paysages naturels ou de villes, s’expriment, inspirés par ces espaces.

A propos de sa décision d’arrêter la création chorégraphique, Yvann Alexandre affirme :

« Fédérer, partager, transmettre : voilà les moteurs qui m’animent. J’ai rencontré la danse à l’âge de 5 ans, et j’ai construit un parcours attentif aux artistes, aux publics et aux territoires proches et lointains. Merci aux spectateur.ices qui ont accueilli mes pièces avec une attention toujours renouvelée, aux danseur·ses et aux technicien·nes, aux intermittents du spectacles, aux équipes, aux bénévoles. Merci également aux Villes, aux institutions et au ministère de la Culture qui ont cru en la nécessité de cette oeuvre et qui l’ont accompagnée. Merci aux programmateur·rices, aux critiques, aux penseur·ses, aux passeur·ses, aux partenaires, aux complices de tous les instants. Au-delà de l’œuvre, j’ai eu la chance d’être toujours libre dans mon geste. Je ne cesserai pas d’agir pour la danse, pour les publics, et pour un monde davantage bienveillant et relié. Ce n’est pas un retrait, une rupture ou un adieu à la danse, mais une émancipation et une transition vers d’autres formes de présence. Je prends aujourd’hui un nouvel élan ».

Mais les derniers rendez-vous de la compagnie nous attendent en 2026 :

  • Le film Une île de danse, qui retrace ce chemin de création et de transmission, et qui réunit 14 chorégraphes et 22 interprètes sera projeté en séance exceptionnelle à Paris, au cinéma L’Archipel, le 4 février 2026
  • La dernière création N.éon sera présentée le 14 février 2026 au Théâtre de la Cité internationale à Paris dans le cadre du festival Faits d’hiver, et est en tournée à Château-Gontier, Luxembourg, Saint-Barthélemy-d’Anjou, ou Nantes, …
  • La dernière représentation aura lieu à Montpellier, à l’Opéra Comédie, en juin 2026, là où tout a commencé avec la pièce Les Élancées, une transmission de répertoire pour le CRR.

De nouveaux horizons s’ouvrent donc à Yvann Alexandre avec l’espoir qu’il pourra défendre la création et la diffusion d’une danse porteuse de sens, résultat d’une recherche passionnée menée par de futurs chorégraphes et interprètes.

14 octobre 2025

Antonella Poli

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