Biennale Danse de Venise 2025: On The Other Earth de Wayne McGregor
Chorégraphie : Wayne McGregor

Le directeur de la Biennale Danse de Venise, Wayne McGregor, présente jusqu’au 2 août prochain On The Other Earth, une installation chorégraphique réalisée avec le plasticien Jeffrey Shaw, inventeur du système nVis, et une équipe d’une dizaine de personnes.
Au coeur de l’installation
Cette installation dépasse tout ce que la technique en 3D au service de la danse avait pu montrer jusqu’ici.
En effet, le système nVis, une technologie de pointe qui permet une immersion radicale de l’utilisateur dans un environnement virtuel, offre une expérience visuelle et sensorielle sans précédent. Le chorégraphe a réservé à la Biennale de danse de Venise, dont il est l’actuel directeur, la primeur de cette extraordinaire installation chorégraphico-cinématographique rendue possible grâce à une architecture cylindrique particulièrement performante.
Sans entrer dans les détails techniques permettant l’immersion totale du public à l’intérieur de la danse, essayons simplement de rendre compte de la façon dont cette expérience peut affiner notre perception du corps, du mouvement et de la performance.
Munis d’une paire de lunettes 3D, debout au milieu d’une salle circulaire dont les murs sont équipés d’écrans cinéma LED panoramiques stéréoscopiques, les spectateurs,- jamais plus de 20 à la fois-, sont embarqués dans un fabuleux voyage de 55 minutes. Les écrans LED haute définition qui entourent complètement le spectateur, vont offrir une vue à 360 degrés et une profondeur visuelle inédite qui brouillent tout repère spatial et temporel.
Les images projetées avec une définition de 26 millions de pixels, montrent les mouvements des danseurs avec une précision et une intensité impossibles à ressentir normalement au cours d’un spectacle ou devant une vidéo même la plus sophistiquée ; elles rendent les danseurs présents parmi les spectateurs, qui peuvent ainsi apprécier chaque détail de la danse comme l’appui d’une main, l’élan d’un pied, la complicité d’un regard, jusqu’au grain de peau de l’interprète.
Les écrans multiplient les mouvements et décomposent les différentes phases de la chorégraphie entièrement composée par Wayne au meilleur de sa forme, prenant de Balanchine, de Forsythe et plus encore de Cunningham, tout ce dont il a besoin pour aiguiser son style. Soudain, grâce à l’écran panoramique qui en révèle les grattes ciels, les spectateurs se retrouvent plongés au cœur de Hong Kong tandis que les danseurs du Ballet de Hong Kong interagissent avec la ville.
Après cette virée en plein air, le voyage, loin d’être terminé, ramène les spectateurs dans les studios pour continuer à vivre d’autres expériences : éprouver la douce sensualité d’un duo de garçons, ressentir la légèreté du cosmonaute délivré de la force de gravité sous les images des interprètes dansant la tête en bas pour finir par le solo d’une des danseuses qui, en se multipliant, fait apparaitre une chorus line.
Par ce final, c’est encore et toujours le mouvement dansé, certes sublimé par l’exploit technique, qui continue à régner en majesté.
Après Venise, l’installation sera présentée au Royaume-Uni et prolongera l’expérience des visiteurs de l’exposition révolutionnaire Infinite Bodies à Somerset House avec une installation hors site au Stone Nest de Londres (30 octobre 2025-22 février 2026). En 2026, elle sera présentée en avant-première à Hong Kong au Tai Kwun – Centre for Heritage and Arts.
Venise, Sala d’Armi E dell’Arsenale – jusqu’au 2 août
Sonia Schoonejans