44ème Gala Nijinsky

John Neumeier-ph.Kiran West

Le Gala Nijinsky a clos, comme un rituel qui se perpétue depuis 44 ans, la saison du Ballet d’Hambourg dirigé par John Neumeier. Cette année, il a célébré les anniversaires de la naissance de deux grands artistes : Marius Petipa (200 ans) et Leonard Bernstein (100 ans).

Ces deux grandes personnalités ont marqué les évolutions d’une part de l’art chorégraphique et d’autre part de la musique classique.

John Neumeier a magistralement orchestré cette 44ème édition du Gala en concevant un programme très riche qui, à la fois, rend hommage à la danse classique tout au long des siècles et montre la modernité de la musique de Bernstein qui est ici chorégraphiée avec une grande sensibilité.

Le public a vécu une soirée d’exception car il est rare de voir autant d’étoiles des plus prestigieuses compagnies réunies ensembles pour parcourir, à travers l’interprétation de certains extraits, l’œuvre de Marius Petipa et l’art de la composition musicale de Bernstein.

On peut considérer Marius Petipa comme le premier grand chorégraphe de l’ère moderne qui fit évoluer la danse classique et lui donna des codes bien structurés. A son départ de France, son pays d’origine, en 1847, il s’installa à Saint Pétersbourg où il fut premier danseur au Théâtre Saint Marie. Il devint maître de ballet en 1869 et il travailla aux théâtres du Ballet impérial (Théâtre Bolchoï Kamenny de Saint-Pétersbourg, Théâtre Mariinsky, Théâtre de l’Ermitage, etc.) jusqu’à sa retraite en 1904.

Olga Smirnova et Artem Ovcharenko,La fille du Pharaon, ch.Pierre Lacotte-ph.Kiran West

Pendant sa carrière, il reprend les œuvres du répertoire (La Fille mal gardée, La Sylphide, Paquita, Coppélia ou Giselle) mais ce sont ses nouvelles créations qui le consacreront comme le père de l’âge moderne de la danse classique : La Fille du Pharaon (1862), La Belle au Bois Dormant (1890), ou Le Lac des Cygnes (1895).

Des extraits de ses ballets dans leurs versions originales ou dans celles des héritiers de la tradition Petipa, (Noureev, Lacotte, Ratmansky, Neumeier) se sont succédés. Quant à la Fille du Pharaon dans la reconstruction de Pierre Lacotte d’après Marius Petipa, Olga Smirnova et Artem Ovcharenko ont interprété un Grand Pas de deux.

 Les extraits de la Belle au Bois Dormant ont fait voyager le public entre la pure tradition et la modernité. On a pu admirer Alina Cojocaru, principal de l’English National Ballet dans la version de Marius Petipa, Jilian Vanstone et Francesco Gabriele Frola, principals du Ballet National du Canada dans celle de Noureev, Tiler Peck du New York City Ballet et Herman Corejo de l’ABT dans celle de Ratmansky et encore Alina Cojocaru avec Alexandr Trusch dans celle de John Neumeier.

Anna Laudere et Edvin Revazov ont fait revivre la rencontre du deuxième acte entre Odette et le Prince Sigfrid dans le Lac des Cygnes de Marius Petipa et Lev Ivanov.

Anna Laudere et Edvin Revazov, Le Lac des Cygnes, ch.Lev Ivanov et Marius Petitpa-ph.Kiran West

Une partie importante de ce Gala a été consacrée aux Bernstein Dances, ballet créé par John Neumeier en l’honneur du compositeur de West Side Story et interprété par les excellents danseurs du Ballet d’Hambourg. Différentes parties de cette œuvre, notamment On the town, Lonely Town, dansées par les principals du Ballet National du Canada, Heather Ogden et Guillaume Côté, et Candide dans le Final du Gala ont alterné avec Birthday Dances et Bernstein Serenade, toujours de John Neumeier . Elles témoignent de son style fluide, attentif au rythme musical mais qui en même temps arrive à bien caractériser les personnages.

Il ne pouvait pas manquer d’autres pièces liées à Piotr Ilitch Tchaïkovski qui accompagna Marius Petipa dans ses plus importantes créations, notamment Joyaux avec Olga Smirnova et Semyon Chudin dans Diamants et un Pas de deux de Balanchine.

Le gala a réservé une place particulière au Bundesjugendballet, le Jeune Ballet d’Hambourg sous la tutelle de John Neumeier. Les huit danseurs qui le composent ont enflammé le public, en apportant sur la scène d’une part toute la fraîcheur de leur jeunesse et d’autre part des qualités de danseurs quasi professionnels. En fait, le Bundesjugendballet est une troupe très ouverte à tous les styles, sans négliger la danse classique qui lui donne les bases techniques. Ne disposant pas d’un théâtre fixe où se produire, elle est souvent en tournée dans les festivals en Allemagne ou elle remplit une mission sociale en dansant dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les prisons. Sur les tubes, notamment John’s Dream d’après Ludwig Van Beethoven et Leonard Cohen, Hallelujah d’après Leonard Cohen, Talkin’Bout a Revolution, elle casse l’académisme pour laisser la place à une danse plus libre, plus spontanée, où les jeunes danseurs donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Ce fut une soirée étincelante, riche de virtuosisme, une rencontre exceptionnelle entre la tradition et la modernité.

Antonella Poli

Ballet d’Hambourg, Bernstein Dances, ch.Neumeier-ph.Kiran West

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