Angels’ Atlas

Chorégraphie : Crystal Pite

Distribution : Ballet National du Canada

Musiques : Piotr Ilitch Tchaïkovski, Morten Lauridsen, Ower Belton,

Angels' Atlas-ph.Karolina Kuras

La nouvelle création de Crystal Pite,  Angels’ Atlas pour le Ballet National du Canada était très attendue. Après Body and Soul présentée à l’Opéra de Paris en 2019 qui n’avait pas convaincu, on se demandait si la chorégraphe pouvait nous surprendre comme dans le passé, avec ses pièces Emergence (2009), également créée pour le Ballet National du Canada ou Season’s Canon (2016) pour le Ballet de l’Opéra de Paris.

Angels’ Atlas, présentée au Four Season Centre de Toronto du 29 Février au 7 Mars dernier, a fait mouche. Trois facteurs ont contribué à rendre cette œuvre magistrale.

Tout d’abord, la chorégraphe retrouve son langage chorégraphique puissant, où le mouvement surgit du corps entier des danseurs. Chacun de leurs membres constitue une entité unique, dégageant une grande énergie. Même les deux solos présents dans la première partie de la pièce sont envoûtants, fluides, avec des lignes qui s’ouvrent et prennent l’espace. Dans Angels’ Atlas on retrouve la force captivante et entraînante des scènes d’ensemble. Elles se révèlent particulièrement prégnantes, grâce à des mouvements qui naissent du cœur des danseurs : ce sont des gestes évoquant à la fois la prière, le pardon, et la pulsation des cœurs. Leur répétitivité, soutenue par un rythme pressant de la musique, accentue la portée spirituelle de l’écriture chorégraphique.

En fait, Angels’ Atlas nous parle de la mort, de la vie, de la quête de l’infini, questionnements fondamentaux de l’homme. Les pas de deux symbolisent l’amour et la mort, leurs contrastes avec la détresse et les sentiments pour un être perdu. 

ph.Karolina Kuras

Le deuxième élément important de la pièce concerne les lumières. Crystal Pite, en collaboration avec le scénographe Jay Gower Taylor et le créateur des lumières Tom Visser, ont employé un système qui permet de manipuler les reflets de la lumière, pour créer l’illusion de formes allongées et éthérées, qui se transforment tout au long de la pièce, descendant du plafond et envahissant le fond de la scène. Leur blancheur et leur contour indéfinissables interpellent certaines représentations des anges du Paradis de la Divine Comédie du poète italien Dante Alighieri. Leur descente, en évolution continue vers les danseurs au sol, crée un fort impact visuel sur le public.

Quant à la musique, meilleur choix ne pouvait être fait pour accompagner le sens spirituel dont la pièce est imprégnée. La partition de Owen Belton, accompagnée par le suave Hymne de Chérubins de la Liturgie de St. Jean Chrysostome de Piotr Ilitch Tchaïkovski et O magnum Mysterium de Morten Lauridsen, amplifient la signification de la gestuelle et de la performance de tous les danseurs du Ballet national du Canada, si fortement engagés.

ph.Karolina Kuras

Toronto, Four Season Centre, 7 Mars 2020

Antonella Poli

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