Dança Doente

Chorégraphie : Marcelo Evelin

Distribution : CIE Demolition Incorporada

Musiques : Sho Takiguchi

Dança Doente - ph.Mauricio Pokemon

Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Marcelo EVELIN et sa compagnie présente au Théâtre de Gennevilliers (T2G) sa pièce Dança Doente (créée en Mai 2017 au Festival des Arts à Bruxelles). Un tintement imperceptible, des ombres dansantes se précisent dans une semi-obscurité, s’entrecroisent, se serrent, se contorsionnent, se dispersent… La composition sonore due à Sho Tukiguchi enfle, gronde, emplit l’espace et module les événements dansés.

Un rideau descend à mi-scène laissant voir explicitement fesses et jambes en collants noirs des artistes qui s’aventurent à l’arrière.

Une silhouette se détache, immobile, « présente » sur un long et étroit tapis blanc déroulé à l’avant-scène, complété plus tard par une autre bande en diagonale depuis le fond de scène.

Cette longue introduction ou partie initiale se répète dans le sens où la pièce joue et rejoue divers modes de vie et de la vie, grâce aux évolutions des artistes sur ces bandes comme deux raies de lumière contrastant avec des séquences mouvementées au devant et à l’arrière du rideau créant un double espace, hautement symboliques : corps agile / fatigué par l’âge ; corps en étreinte, jubilatoire / en rivalité, pathétique ; corps nu, athlétique / en souffrance, vulnérable ; corps visible, réel dans le monde d’ici / corps recouvert par un « masque » africain ou afro-brésilien / corps invisible dans le monde du chamanisme et de l’au-delà.

En fait, pour Marcelo Evelin, il ne s’agit pas tant de dualité que de l’expérience humaine des contraires, en va et vient, dans laquelle chacun (d’entre nous) est plongé dans sa trajectoire de vie, justifiant le titre de son œuvre Dança Doente ou Danse Malade en référence au livre Yameru Maihime (La Danseuse malade) du fondateur du Butô Tatsumi Hijikata. Marcelo  Evelin dit s’en être inspiré (sans pouvoir le lire faute de traduction française), son imaginaire se nourrissant aussi de ses racines brésiliennes, de ses performances en Europe (dont son travail auprès de P. Bausch) et de ses séjours au Japon.

Là, dans cette pièce où l’esthétique domine, le corps n’est malade qu’en tant que porteur de symptômes et de transformation. Il est chargé d’une énergie vitale qui en soi contient la mort programmée biologique cellulaire, la régénération et la lutte avant le dernier souffle – physique et psychique – laissant entrevoir le devenir de corps mort ; il est aussi le corps qui transmet et qui contient l’Autre suggérant nos propres deuils enserrant (l’âme) du vivant.       

Ainsi, du Butô qualifié de danse traumatique « des ténèbres » rapportée par les média au drame nucléaire de Hiroshima, on a plutôt ici, par touches, l’expressionnisme de la « danse de l’ombre » et du « corps obscur » par l’évocation des corps fantômes selon T. Hijikata qui disait prêter le sien à sa sœur décédée : l’apparition d’une danseuse vêtue d’un peignoir de soie japonisant d’un orangé lumineux ; la lenteur de la dernière scène où un danseur seul, très seul, s’éloigne à pas feutrés sur les bandes blanches alors qu’il égrène quelques notes jouées sur une petite guitare tenue en main.

 

 

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