La Danse française à l’honneur au Festival Le Temps d’Aimer

Altro Canto, Les Ballets de Monte-Carlo-ph.Stéphane Bellocq

Deux compagnies de ballet françaises ont clôturé la 30ème édition du Festival Le Temps d’aimer à Biarritz : les Ballets de Monte-Carlo dirigés par Jean-Christophe Maillot au Théâtre de la Gare du Midi et le Ballet du Capitole de Toulouse sous la direction de Kader Belarbi au Théâtre du Casino.

La soirée de la compagnie monégasque s’est ouverte avec Altro Canto de Jean-Christophe Maillot sur les musiques de Claudio Monteverdi, Biagio Marini, Giovanni Girolamo Kasberger.

Dans cette pièce le chorégraphe explore les facettes des relations humaines, sans en faire une question de genre. En fait, à côté de scènes de groupe dansées par des couples homme-femme, figurent celles ne présentant que des duos masculins.

Cette pièce révèle la beauté liée au sentiment et à l’attirance d’un corps envers l’autre. Les danseurs se regardent, s’effleurent, se soulèvent dans une grande fluidité gestuelle. Le rythme lent de la musique amplifie la densité de leurs mouvements si bien que le public peut remarquer plus facilement la précision, la sensualité en captant les sentiments exprimés chorégraphiquement. L’équilibre entre les formes et les gestes reste constant tout au long du ballet qui se révèle intemporel.

On doit la deuxième pièce présentée dans cette soirée Vers un pays sage à Jean-Christophe Maillot qui la créa en hommage à son père peintre disparu. La musique du compositeur américain John Adams insuffle à la pièce une allure d’outre atlantique.

La chorégraphie essentiellement abstraite et brillante, est composée d’entrées et de sorties des danseurs par groupes suivant des géométries précises et des pas de deux ou leurs corps sculptés sont mis en valeur par des juste au corps et des costumes blancs.

Les Ballets de Monte-Carlo, Vers un pays sage-ph.Stéphane Bellocq

 A contrario de la première pièce, Vers un pays sage est fulgurante et nous livre une danse énergique à l’unisson avec le rythme impétueux de la musique. La technique et la perfection de la troupe monégasque sont mises à l’honneur !  L’héritage du style des grands maîtres chorégraphes américains Jérôme Robbins et Twyla Tharp est ici présent mais l’écriture chorégraphique puissante de Jean Christophe Maillot le transforme, ne nous laissant percevoir que quelques traces réveillant nos mémoires.

 En tant que première représentation sur scène après le confinement, Le Ballet du Capitole de Toulouse a proposé un vaste programme, quatre pièces dont deux ayant un fil conducteur en commun, Liens de Table et Á nos amours de Kader Belarbi. Elles plongent dans l’intimité des relations de famille et de couple en mettant en avant l’incommunicabilité, les contrastes et l’évolution du sentiment amoureux au fil des années. En particulier, Á nous Amours, nous présente trois couples qui, chacun à leur tour, s’expriment sur le plateau en abandonnant les trois cages de verre qui les accueillaient.

Kader Belarbi imagine de cette manière les âges de la vie, comme trois univers distincts. Chaque pas de deux se distingue de l’autre par un style chorégraphique linéaire et précis : fraîcheur dans l’amour de jeunesse, sensualité et passion dans la maturité, profondeur et tendresse dans la vieillesse.

Les autres deux pièces du programme ont été Faun(e) de David Dawson et Fugaz de Cayetano Soto.

Le chorégraphe britannique adopte une approche sensible pour sa relecture du célèbre ballet de Nijinsky, L’Après-midi d’un faune. Le dialogue entre les deux interprètes est très intime laissant la danse nous parler. Le duo qui nous présente deux protagonistes masculins est très harmonieux et même la rupture finale entre les deux danseurs reste équilibrée et silencieuse.

Avec Fugaz, le chorégraphe espagnol a voulu rendre hommage à la disparition de son père en mettant l’accent sur la fugacité et la précarité de la vie. Sur scène les couples de danseurs expriment à travers un langage néoclassique très raffiné les tensions et les incertitudes de leur existence fascinant le spectateur.

Biarritz, 19 Septembre 2020

Antonella Poli

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