Ochres

Chorégraphie : Stephen Page et Bernardette Walong-Sene-CHorégraphie traditionnelle, conseiller culturel et danseur invité Djakapurra Munyarryun

Distribution : Bangarra Danse Ensemble

Musiques : David Page

ph.Zan-Wimberley

Après plus de vingt ans, le Bangarra Dance Théâtre a décidé de représenter à l’étranger Ochres, pièce majeure de la compagnie. Le musée du Quai Branly a accueilli cette troupe au Théâtre Claude Lévi-Strauss pour le premier spectacle de sa programmation des Arts Vivants.

Le langage chorégraphique s’inspire de la danse contemporaine mais son contenu met en valeur toute la tradition culturelle et rituelle du peuple aborigène. D’une part, les danses racontent des histoires au sujet de la communauté, de la terre et de la culture du peuple. Danser est un  rituel sérieux que les hommes, les femmes et les enfants peuvent partager. D’autre part, la peinture sur corps est largement présente dans cette forme d’expression. Cette coutume a existé pendant des milliers d’années dans beaucoup de communautés indigènes pour lesquelles elle est reliée aux conventions, aux lois et à la religion.

On retrouve ces deux aspects dans Ochres. Cette pièce comporte une forte valeur symbolique, caractéristique souvent présente dans les arts primitifs. Le geste traditionnel de se peindre le corps est utilisé comme médium pour élever à une dimension spirituelle les événements de la vie. Les ochres,  pigments utilisé à cette occasion, sont choisis selon le message du rite que l’on célèbre : jaune, noir, rouge ou blanc.

Par ailleurs la chorégraphie est composée de quatre tableaux reflétant ces quatre teintes. Le premier est dédié à l’esprit féminin : six danseuses, comme initiées par une femme shaman située au milieu de la scène, dansent surtout au sol pour montrer l’attachement à la terre et leur fertilité. Le deuxième exalte la force et la puissance masculine, surtout en relation à la chasse, avec des évocations de gestes de kangourous. Les visages des interprètes, avec des bandes noires peintes sur le front, sont transfigurés et deviennent des masques de par les expressions qu’ils expriment. Le troisième tableau, caractérisé par le rouge, n’est consacré qu’à l’amour, aux rapports passionnels entre les êtres humains. C’est la seule partie où la choralité des danses de groupe, présente jusqu’ici, laisse la place à des duos plus proches dans leur construction de la danse contemporaine. L’entrée sur scène d’un shaman, le même qui avait ouvert la pièce, dévoile le tableau final où tous les danseurs se mélangent avec leurs corps blancs, tous identiques. C’est un message de communion qui nous est transmis et qui nous rappelle l’unité d’un peuple. Les lumières sombres du spectacle nous font encore plus entrer en contact avec un univers mystérieux, si loin de la culture occidentale, mais qui pourrait devenir une source d’inspiration pour imaginer le monde différemment. On pourrait se demander si la chorégraphie, ouverte sur le contemporain, ne pourrait pas sacrifier un peu de sa modernité pour garder les mouvements plus authentiques des danses traditionnelles.

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