Onéguine

Chorégraphie : John Cranko

Distribution : Les étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris

Musiques : Tchaikovsky

Dorothée Gilbert et Audric Bezard-ph.Julien Benhamou

Lorsqu’au début des années 1950, John Cranko découvre le roman d’Alexandre Pouchkine, il est séduit : « Cette œuvre m’a fait une très forte impression parce qu’elle permet de chorégraphier des scènes entières où se côtoient des styles totalement opposés, articulés autour d’un quatuor parfaitement structuré ».

Dans Eugène Onéguine, récit prémonitoire du duel qui mettra fin à ses jours, l’auteur russe met en scène un chassé-croisé tragique entre quatre jeunes personnages : Onéguine, dandy désargenté et représentant des mondanités pétersbourgeoises ; son ami Lenski, poète pétri de littérature allemande ; la douce Olga Larina, sa fiancée et enfin Tatiana, sœur d’Olga et rêveuse en quête d’elle-même.

Dorothée Gilbert et Audric Bezard-ph.Julien Benhamou

En réalité, on pourrait penser que Pouchkine aurait mieux fait d’intituler son poème du nom de Tatiana, car elle est une femme forte, avec les pieds sur terre,  profonde et plus généreuse qu’Onéguine. Elle est accablée et brisée par la vie pétersbourgeoise et elle en souffre. Elle déteste son rang de dame du monde et ne se laisse pas faire. Quand Onéguine voudra la reconquérir, ce sera trop tard car elle est déjà l’épouse du Prince Gremin et lui restera fidèle. Dorothée Gilbert (Tatiana) met en avant toutes les facettes de son personnage. Elle est la jeune fille amoureuse et innocente du premier acte lorsqu’elle écrit sa déclaration d’amour à Onéguine et la femme qui est capable d’abandonner sa faiblesse et son ancienne passion quand elle refuse ses avances. L’étoile de l’Opéra de Paris est particulièrement remarquable dans le troisième acte : désormais elle n’est plus une jeune femme et elle maîtrise sa vie.

A ses côtés, Audric Bezard excelle dans son interprétation dramatique et par la capacité de montrer les deux facettes de sa personnalité. Son histoire représente toute l’immoralité présente dans le milieu aristocratique russe.

Il est cynique, il joue avec les femmes jusqu’au point de provoquer le duel avec Lenski  (je jeune soliste Jérémy-Loup Quer qui mérite toute l’attention) après avoir séduit Olga (Muriel Zusperreguy). Puis, dans le troisième acte qui pour lui constitue le moment fort du ballet, on assiste à la métamorphose : c’est là qu’il découvre toute son impuissance face aux lois de la vie. Ce moment est particulièrement bien rendu sur scène car le contraste entre les personnalités de Tatiana et d’Onéguine augmente. Avec le pas de deux du premier acte et celui du troisième en particulier, les deux interprètes principaux écrivent des images de danse merveilleuses, riches de tension, d’émotion et de passion. Leur sensibilité artistique se dévoile dans toute sa splendeur. Effectivement la chorégraphie de John Cranko, notamment celle réservée aux pas de deux, est construite sur des passages avec beaucoup de lift, de portés, figures qui élèvent et expriment les sentiments des protagonistes.

Opéra national de Paris-ph.Julien Benhamou

Le Corps de Ballet suit, créant la juste atmosphère tout au long du spectacle.  

Antonella Poli

Jusqu’au 7 Mars à Opéra Garnier, Paris

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