Festival June Events : Electro-Tap de Candice Martel
Chorégraphie : Candice Martel

Dans le cadre du festival June Events, au Carreau du Temple, Candice Martel a présenté Electro-Tap, création qui veut redonner de l’élan à la tap-dance.
Artiste multidisciplinaire, Candice Martel s’est toujours engagée dans des projets visant à dénoncer la condition féminine ou les disparités sociales. Le documentaire Being born a girl ou le duo L’invisible spectacle de toutes ces vies empêchées en témoignent. Mais alors, quel est l’origine de ce projet apparemment différent ?
Une création rythmée et engagée
La réponse est simple : à travers ce spectacle si puissant et énergique, l’artiste, femme de 50 ans, veut lancer une exhortation à dépasser toute limite et montrer que même à son âge on peut être performante. Le message social contre des barrières préconstituées est lancé.
Après une formation en danse classique et un début de carrière au Ballet du Grand Théâtre de Genève, Candice Martel alimente sa passion pour les claquettes et affine sa technique à New York, où elle a l’occasion de rencontrer des célèbres danseurs de cet art, notamment Savion Glover, Jimmy Slide, Buster Brown et Gregory Hines.
Son intérêt envers ce type de danse nait du fait que pour l’artiste « les claquettes sont un art unique et hybride, dans lequel le corps de l’artiste est à la fois instrument et interprète. Elles exigent une double maîtrise : celle des pieds en tant qu’instruments de percussion et celle du mouvement en tant qu’expression chorégraphique ».
En fait, le spectacle auquel on a assisté le 12 juin dernier, dévoile en même temps un corps dansant expressif, car Candice Martel ajoute aux mouvements des pieds ceux plus fluides du buste, et un corps dansant sonore, vu que ses claquettes s’intègrent au rythme de la musique électronique de Mickael Carry et Thomas Naïm et constituent parfois aussi un troisième instrument, avec le synthétiseur et la guitare.
Le processus de création de la pièce est le résultat d’une étroite collaboration entre les musiciens et la danseuse, parfaitement synchronisés entre eux. Mais un rôle important a été aussi joué par l’artiste Gladys Gamble, amie de Candice Martel depuis son séjour newyorkais, qui a su rendre encore plus fort le lien entre le sens du mouvement et la musique.
Aux sonorités de la musique électronique, les claquettes répondent avec leur son métallique, créant ainsi une autre partition. Candice Martel se donne à fond pendant l’heure du spectacle. Dans la partie centrale de la pièce, elle abandonne ses claquettes pour taper avec ses pieds directement sur des éléments naturels, notamment le sable. Mais cela ne dure pas longtemps.
Ses chaussures renfilées, la musique corporelle et la danse musicale reprennent à un rythme soutenu jusqu’au final, où l’interprète se livre à une démonstration éblouissante de la virtuosité que la technique des claquettes exige. Un hommage au danseur Peg Leg Bates, qui est devenu célèbre en dansant malgré la perte d’une jambe à 12 ans, accompagne toute la pièce grâce à sa voix diffusée pendant que Candice, infatigable, attire le regard des spectateurs hypnotisés par le rythme de la danse.
A l’issue de la représentation un bord de plateau a eu lieu avec Mireille Davidovici, Delphine Goater et Antonella Poli du Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre, Musique et Danse.
Paris, Carreau du Temple, 12 juin 2025
Antonella Poli