La Flûte enchantée

Chorégraphie : Maurice Béjart

Distribution : Béjart Ballet Lausanne

Musiques : W.A.Mozart

ph.Anne Bichsel

La flûte enchantée fut un des derniers ballets de Béjart, créé en 1981 à Bruxelles. Aujourd’hui, le Ballet Béjart Lausanne le présente au Palais de Congrès à l’occasion des trente ans de la compagnie et des dix ans de la mort du grand chorégraphe.

Maurice Béjart reprend le livret du célèbre opéra de Mozart pour le transformer à sa manière. Il en fait une œuvre qui se prête à deux différents degrés d’interprétation. Un premier qui présente au public un conte avec des personnages bien caractérisés : La Reine de la nuit, Pamina, Tamino, Pappageno, le prêtre Sarastro ; le deuxième où l’on retrouve l’esprit de recherche philosophique de Béjart, qui voulait toujours rendre ses ballet porteurs de messages plus universels. C’est à ce propos que le musicologue Jacques Chailley s’exprimait dans un de ses ouvrages: « Le sujet fondamental, on commence maintenant à le comprendre, est donc le conflit des deux sexes, conflit qui trouve son aboutissement dans le mystère du couple. L’homme et la femme doivent d’abord se chercher, puis, s’étant trouvés, dépasser leur condition première par une série d’épreuves qui les rendront dignes de leur nouvel état ».

Pour rendre encore plus clair le développement de l’argument, Maurice Béjart introduit sur scène un personnage qui présente oralement chaque épisode de l’histoire ; ainsi le public ne peut pas se perdre. Mais c’est l’équilibre de la chorégraphie, bien construite avec un langage néoclassique parfait, qui est vraiment impressionnant.  Les 44 danseurs, de par leur interprétation, montrent une compagnie encore aujourd’hui très vivante.

Les rôles de la Reine de la nuit et du prêtre Sarastro sont confiés à deux des plus anciens danseurs : Elisabet Ros et Julien Favreau. La première apparait comme une créature sombre, maligne, plutôt comparable à une sorcière ; le deuxième est autoritaire et se détache de la scène pour ses magnifiques solos. Kathleen Thielhelm (Pamina) est une très belle danseuse avec des lignes épurées, tant aimées par Maurice Béjart. Peut-être, petit bémol de la soirée, aurait-elle dû oser plus sur le plan émotionnel. Les deux autres protagonistes masculins Gabriel Arenas Ruiz (Tamino) et Masayoshi Onuki (Pappageno) ne manquent pas au rendez-vous. La vivacité et l’agilité du danseur japonais lui permettent d’incarner à la perfection son rôle.

Plus de 35 ans après sa première représentation, La flûte enchantée reste un chef d’œuvre encore très vivant. Le ballet n’a rien perdu de son éclat et la beauté de la danse de Béjart nous laisse bouche bée. La musique qui l’accompagne est la version enregistrée de 1964 jouée par la Philharmonie de Berlin, dirigée par Karl Bohm.

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