Le Lac des Cygnes

Chorégraphie : Marius Petipa et Lev Ivanov-Mise en scène et intégrations chorégraphiques Alexey Ratmansky

Distribution : Les premieurs danseurs et le Corps de Ballet de la Scala de Milan

Musiques : Tchaikovsky

Nicoletta Manni et Timofej Andrijashenko- ph. Brescia Amisano

Un Lac des Cygnes trop humain, pourrait-on penser. Pourtant cette reconstruction opérée par Ratmansky d’un des grands classiques du ballet restera inoubliable pour cet aspect. La plus part des amateurs de danse connaissaient la célèbre version de Noureev, dans laquelle le chorégraphe russe avait voulu accentuer les aspects psychologiques de l’histoire et mettre en valeur la figure du Prince.

Ratmansky opère un travail minutieux analysant les notations de Stepanov, source de mémoire, pour faire renaître et mettre sur scène la première version du Lac des Cygnes, telle qu’elle fut écrite par Marius Petipa et Lev Ivanov.

Il a beaucoup travaillé avec les danseurs de La Scala de Milan pour leur transmettre le style et faire en sorte que leurs corps puissent ressentir l’esprit de l’époque et s’y adapter. Il a suivi attentivement les cahiers de notation de Stepanov et, pour les passages pour lesquels il n’avait pas de trace, a créé sa propre chorégraphie dans le respect du style originaire.

Le résultat est admirable. La gestuelle des cygnes y compris celle d’Odette/Odile devient plus naturelle, plus explicite. On ne se retrouve plus face à des créatures cygnes « imaginaires » mais à des filles. Notamment, elles n’ont pas des plumes sur la tête mais leurs cheveux descendent sur les épaules.

Ce Lac des Cygnes peut apparaître aussi moins sombre. Certains passages de la chorégraphie comme la valse du premier acte deviennent des moments festifs, jamais rencontrés dans d’autres versions.

Nicoletta Manni et Timofei Andriejensko ont su créer la juste atmosphère pour faire revivre cette œuvre : la première danseuse de la Scala a rempli son rôle avec beaucoup de tendresse car elle a été capable d’assouplir son corps et aller au-delà de toute codification ; son partenaire, avec sa belle présence scénique, a suscité tant d’admiration bien que la chorégraphie ne lui réserve pas beaucoup de variations. Les costumes dessinés par Jérôme Kaplan ont respecté l’esprit nouveau de cette version : il s’est inspiré du style préraphaélite et a transformé les tutus blancs habituels en jupes recouvertes de plumes. Une autre grande nouveauté est la présence dans la quatrième acte, le final, de cygnes blancs et noirs ensemble. Cela pourrait nous faire réfléchir car ce choix pourrait exprimer la volonté de représenter la vie sous forme d’une coexistence entre le mal et le bien symbolisés par le noir et le blanc.

Milan, Théâtre La Scala, 14 Juillet 2016

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