Les Plaisirs de la Découverte

Chorégraphie : Petter Jacobsson-Thomas Caley;Rachid Ouramdane

Distribution : CCN Ballet de Lorraine

Musiques : Peter Rehberg; Jean-Baptiste Julien

Record of Ancient Things-ph.Arno Paul

Après avoir présenté l’automne dernier Plaisirs Inconnus, le CCN Ballet de Lorraine, sous la direction de Petter Jacobsson et Thomas Caley, offre au public Les Plaisirs de la découverte, programme composé de deux créations.

Il ne s’agit plus cette fois de questionner l’imagination des spectateurs face à cinq chorégraphes « inconnus » mais de susciter leur réflexion autour de deux concepts, d’une part celui de scène et de plateau et d’autre part celui de la murmuration, mot anglais qui identifie le  phénomène  d’agrégation  présent  chez certaines espèces d’animaux,  en particulier les oiseaux.

Record of ancient thing , création de Petter Jacobsson et Thomas Caley, focalise son attention sur le rôle joué par la scène. Quels états d’âme ou quels types de suggestions peut-elle susciter quand on est protagonistes sur un plateau ? Les deux chorégraphes signent cette pièce pour leurs 22 danseurs qui incarnent une jeunesse éclatante, pleine de vitalité mais capable aussi de se recueillir pour retrouver un sens d’appartenance commune. Des jeunes déchainés ouvrent la pièce avec leurs costumes colorés et parfois extravagants : sauts, temps  levé, grands écarts dans l’air se succèdent à grand rythme en produisant une image de chaos. Chaque danseur est interprète de son solo, les allers-retours sur scène sont vibrants. On ressent comme une ambiance de boite de nuit. Doucement, l’atmosphère s’apaise et des mouvements plus fluides remplacent l’agitation précédente. On danse ensemble et de manière plus homogène, il n’y a plus toute l’extravagance et le sens de dépassement de soi remarqués dans la première partie. Les formes d’individualisme sont  remplacées par une idée qui recherche plus la création d’un groupe. Les belles lumières d’Eric Wurtz contribuent à marquer l’espace scénique avec nuances.

Quant à la deuxième pièce du programme, Rachid Ouramdane signe pour le Ballet de Lorraine Murmuration. Le chorégraphe ne démentit pas son style toujours orienté vers une écriture très précise qui révèle une composition chorégraphique basée sur l’interaction entre les danseurs. Le choix monochrome de la couleur rouge pour les costumes permet au regard d’échapper, de manière allusive, à de possibles images pour être plutôt englobé et attiré par la dynamique de la pièce.  L’élément pondérable que l’on retient de Murmuration est la capacité de Rachid Ouramdane d’utiliser la vitesse comme facteur constituant de sa propre chorégraphie. Malgré les apparences qui semblent révéler un style particulièrement attentif aux formes géométriques, l’attention est en fait portée sur les aspects cinétiques et sur la création de dynamiques et d’une certaine entropie à l’intérieur du groupe des danseurs. Murmuration, comme d’autres œuvres de Rachid Ouramdane, devient métaphore et porteuse d’un message social pour la construction de formes de cohabitation pacifiques.

Nancy, Opéra National de Lorraine, 29 juin 2017

Murmuration-ph.Arno Paul

Murmuration-ph.Arno Paul

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