Oneironaut

Chorégraphie : Tânia Carvalho

Musiques : Chopin, Tânia Carvalho

La musique de l’Etude révolutionnaire de Chopin (Etude Op.10 n.12 en C mineur) accueille le public dans la salle du Théâtre des Abbesses. Les notes du piano jouées par André Santos et les lumières basses aux tonalités chaudes conduisent les spectateurs à se retrouver dans un monde de rêveries imaginé par Tânia Carvalho pour sa nouvelle pièce Oneironaut.

Cette atmosphère évoque des sensations, l’entrée en scène des sept danseurs les transforme en images. Leurs visages maquillés comme des poupées ou des clowns cachent leur identité humaine ; on perçoit des silhouettes anonymes, des êtres évocateurs de mouvements.

Ainsi, certains manifestent une gestualité complètement libre tandis que d’autres testent des équilibres et des formes plus codifiées et géométriques aux lignes bien définies, rappelant le style de Merce Cunningham. Ce mélange synthétise et représente différents univers oniriques et enrichit les images qui se succèdent sur scène, laissant à chaque spectateur le choix de s’emparer de celles qui le touchent le plus.

Les compositions musicales (dont Musique des Octaves, Musique graphique et Musique Folle) de Tânia Carvalho, chorégraphe et musicienne, remplacent la mélodie de Chopin. Sa musique est plus percutante, moins mélodique et son rythme uniforme provoque une sorte d’hypnotisation qui nous amène encore plus à partager l’espace scénique et à nous rapprocher des danseurs.

Sont-ils des somnambules, pourrait-on se demander…Chacun suit son parcours indépendant. Ils esquissent, seulement pour quelques secondes, des avancées en cinquième position en groupe pour ensuite se dissoudre et laisser la place à leur instinct et leur imaginaire. Le kaléidoscope des gestes singuliers auquel nous assistons peut nous saturer, nous déséquilibrer : les changements sont rapides, incessants.

La musique assume des tonalités plus graves, les danseurs s’abandonnent de plus en plus à des mouvements déchainés, agités, qui revoient à des images symboles d’une intériorité perturbée. Les sonorités de Chopin reviennent avec le Nocturne Op.55 n.1 pour nous accompagner vers le final, envoutant de par l’intensité des mouvements débridés, effrénés, accentués. Paradoxalement, à travers l’atmosphère de chaos qui se dégage, les danseurs arrivent à constituer l’unité d’un univers intime et secret qui trouve son moyen d’expression à travers la danse.

Théâtre des Abbesses, 7 Mars 2022

Antonella Poli

 

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