Tristan et Isolde : Salue pour moi le monde!

Chorégraphie : Joëlle Bouvier

Distribution : Ballet du Grand Théâtre de Genève

Musiques : Richard Wagner

ph.Gregory Batardon

« Languir et mourir, mais non mourir de languir, résume Joëlle Bouvier. L’amour incontournable se montre à la fois dévastateur et rédempteur. En croyant boire la mort, les deux héros boivent l’amour et c’est l’amour qui devient leur mort. Et si tout ce qui s’oppose à l’amour le garantissait ? »

Avec ces mots la chorégraphe française essaie de synthétiser sa vision du drame de Tristan et Isolde qui a fait l’objet de sa dernière création en 2015 pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève et qui a été présentée au Théâtre National de Chaillot du 23 Mars au 1er Avril.

Un défi réussi pour Joëlle Bouvier qui a choisi un opéra complexe où la musique joue déjà un rôle trop important de par la richesse des sentiments qu’elle dégage. En plus, si un seul ouvrage devait incarner l’Amour avec toute sa chair et son sang, on peut affirmer que Tristan et Isolde pourrait constituer l’exemple parfait.

La chorégraphe suit, même d’un point de vue musical, la structure narrative plutôt simple de l’opéra original. Tout se joue sur l’action intérieure, toute centrée sur la passion des deux personnages principaux. Dès le début, la passion amoureuse et le sens de la tragédie apparaissent de manière très claire, car l’Amour de Tristan et Isolde est un torrent voluptueux qui sera soumis à une fin fatale. Derrière les regards croisés des deux amants et l’impatience de leurs corps, leurs âmes aspirent à une union qui ne pourra se réaliser qu’après la mort.  Joëlle Bouvier a le grand mérite d’avoir réussi à concevoir une chorégraphie qui  devient un véhicule essentiel pour exalter toute cette passion. La musique de Wagner est déjà assez prégnante et puissante mais, malgré tout, la danse ne joue pas un rôle inférieur ; au contraire, les mouvements des corps des danseurs, avec tout leur physique, rendent plus véritable encore  l’incarnation de l’Amour et de tous les sentiments.

Le romantisme est à son sommet ; encore une fois, la chorégraphe, après avoir créé une très belle version de Roméo et Juliette, nous livre un ballet qui nous émeut, témoignant de sa grande capacité à analyser et savoir représenter l’esprit de grandes œuvres.

Théâtre National de Chaillot, 1 Avril 2016

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