Week-end d’ouverture du festival Le Temps d’Aimer à Biarritz

Les rayons d’un soleil d’été et l’air parfumé de l’océan ont accompagné le weekend d’ouverture de cette nouvelle édition du Festival Le Temps d’aimer à Biarritz.

Le Ballet Royal de Flandre, avec Le Retour d’Ulysse, a mis en scène les attentes interminables de Penelope, résistant aux ses prétendants. Le langage néoclassique, animé par des musiques de Purcell et des années 40-50 (entres outres La Mer de Charles Trenet), a été bien accueilli par le public.

Cette alternance de musiques de différentes époques, a quand même pu créer des fractures parmi les différentes séquences d’une chorégraphie qui n’a pas offert de moment éclatant. Rien à dire sur la qualité technique des danseurs mais la pièce est restée dans son ensemble plutôt froide et fragmentée. Pas même avec l’introduction de personnages étrangers au mythe original (un danseur avec des palmes et un tutu et une danseuse habillée d’un tailleur doré dont le rôle est resté flou), la pièce n’a pu atteindre de moment passionnel.

Ce qui reste est le souvenir d’une très bonne exécution d’un point de vue technique et l’énergie des danseurs. La compagnie traverse un moment difficile, à cause des problèmes au sein de sa direction artistique. Après le départ de Kathryn Bennert qui avait beaucoup travaillé pour transmettre le répertoire de William Forsyhte, le Ballet Royal de Flandre est aujourd’hui dans un certain sens orphelin. Nous souhaitons que ses danseurs puissent continuer à exercer leur art, car ils le méritent.

Samedi, c’était le tour des lauréats du concours (Re) Connaissances.

La CIE Dance Development dirigée par Anu Sistonen et qui a remporté le prix du public avec Against the Flow, a dansé sur la Sonate n.3 en si mineur de Chopin en saisissant les nuances de cette musique. La syntonie parmi les trois danseurs est remarquable et ils ont su reproduire sur scène une danse extrêmement fluide, arrivant aussi à valoriser la musique de Chopin.

La CIE BETULA LENTA de Maxence Rey avec Sous ma peau, a mis à nu le corps humain, matière capable de se transformer en différentes formes. Trois danseuses sont en scène, avec des masques sur leurs visages faisant disparaitre leurs identités en faveur de la prédominance de leurs corps qui restent statiques ou s’articulent avec des mouvements lents. Mais, encore une fois, cette pièce nous offre une réflexion : il semblerait que pour les chorégraphes qui aspirent à faire de la danse expérimentale, le mot d’ordre soit le corps nu.

La CIE TABEA MARTIN (2ème prix), avec toute son ironie a dansé Duet for Two Dancers proposant au public une hypothétique classification des gestes : mouvements beautiful, expected, impossible, exausting, spectacular, erotic, illogical, etc…….Un très beau duo, original de par sa conception et de par la théâtralité et la force de ses interprètes.

La soirée de samedi a fait découvrir la CIE LA COMA avec sa pièce, Cartel. Le début pourrait troubler les spectateurs, vu que Michel Schweizer, son créateur, aborde des discours loin de la danse, comme la recherche de formes d’énergie alternatives, par exemple les mouvements générés par des cyclistes avec leurs vélos installés sur scène. Mais Cartel n’est pas seulement ça. Cette pièce est un parcours dans le temps, entre le passé et le présent de la danse, avec toutes les joies et les peines que cet art peut donner à ses artistes.

Jean Guizerix (ex danseur de l’Opéra de Paris) est émouvant dans les récits et les exécutions de certains de ses souvenirs liés à L’Après-midi d’un Faune, Raymonda de Noureev, l’apprentissage du style Cunningham. Attentif, le jeune danseur Romain di Fazio (qui dansera à partir de la prochaine saison dans le Malandain Ballet Biarritz), écoute et s’empreigne de ces témoignages du passé, en les enrichissant de son jeune esprit.

La pièce se révèle aussi être en quelque sorte une initiation à la danse en dévoilant quelques secrets liés à l’art d’être danseur :  » notre corps n’arrivera pas à danser tant que nos mains ne seront pas capables de reproduire ces mouvements ou bien  » le mouvement est expressif au-delà de toute intention « ……
Bonne continuation pour le futur au TEMPS d’AIMER, accompagné par tout l’enthousiasme de la ville, de son organisation et le professionnalisme des artistes présents !

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