Les 30 ans du Festival Le Temps d’Aimer : une histoire d’amour

 En 2010 pour l’anniversaire des 20 ans du Festival Le Temps d’Aimer dirigé par Thierry Malandain nous écrivions : « Le Temps d’aimer fête son vingtième anniversaire, un rendez-vous qui confirme le succès et la fidélité d’un public qui l’a suivi et soutenu durant toutes ces années. Un grand remerciement est dû aux institutions publiques qui ont permis de poursuivre cette aventure à une époque où les manifestations culturelles sont de moins en moins soutenues. La danse nous habite tous, elle incarne et exprime nos sentiments, elle nous appartient et c’est pour cela qu’elle doit être protégée. Elle est capable ainsi d’ouvrir de nouveaux horizons, inaccessibles autrement ».

Dix ans ont passé, la manifestation a conservé son public, luttant contre les difficultés économiques et politiques qui n’ont pas cessé d’augmenter. Cette année la pandémie de la COVID-19  est un nouvel obstacle. Mais Le Temps d’aimer (la danse) résiste, soutenu par l’énergie des vagues de l’océan qui baigne Biarritz et par toute l’équipe de ses organisateurs qui ont réussi à maintenir cette édition, il est le premier festival d’été confirmé en France après le déconfinement. Et la fête ne pouvait pas manquer surtout cette année car Le Temps d’aimer célèbre ses 30 ans, un âge de maturité où il se montre plus solide que jamais. Même masqué, le public, c’est certain, sera au RDV. La ville et les théâtres avec de grands efforts ont tout mis en place pour que tous puissent continuer ou commencer pour la première fois à aimer la danse. On pense au jeune public qui pourra, nous l’espérons, s’approcher curieux et intéressé à cette forme d’art.

Pendant ces trente ans des grands chorégraphes, des inoubliables danseurs se sont succédés sur les scènes des théâtres de la ville de Biarritz ; le Festival a marqué des moments forts notamment l’attribution à Thierry Malandain de la médaille d’Officier des Arts et des Lettres et de la médaille d’or de la ville de Biarritz (2010) remises par Brigitte Lefèvre.

 Sous la houlette d’Agnès Yobrègat, un livre mémoire, 30 ans de Temps d’aimer, a été édité pour cette spéciale occasion : un puzzle de témoignages, anecdotes, souvenirs inoubliables d’artistes et de professionnels du monde de la danse qui font revivre avec émotion l’histoire du Temps d’aimer. C’est difficile de les citer tous, mais les lecteurs retrouvent notamment  Lucia Lacarra qui a dansé plusieurs fois à Biarritz depuis 1992, d’abord avec Victor Ullate, puis plus tard avec Roland Petit, « À chaque fois, ça a été une grande joie et des souvenirs incroyables » ; Victor Ullate, chorégraphe qui a participé à la création du festival : « si je devais recommencer maintenant, je crois que je recommencerais à Biarritz. Je n’ai que des mots merveilleux pour cette ville et pour son festival. Ils font partie des meilleures choses qui me soient arrivées dans la vie » ; Gil Roman, en 1996 danseur du Béjart Ballet Lausanne et aujourd’hui directeur de la compagnie : « Mon souvenir le plus marquant du Temps d’Aimer ? 1996, bien sûr ! Nous étions en pleine création du Presbytère, n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat…Si le moment était fort pour les spectateurs, il l’était tout autant pour les danseurs. Il s’agissait d’une chorégraphie à peine réglée. Nous la testions en direct, sans savoir exactement où elle allait et c’était très excitant ». Puis Maguy Marin en 2000, à Biarritz pour présenter MayB : « Je me souviens parfaitement de l’accueil très chaleureux qui nous a été réservé par toute l’équipe du Temps d’Aimer. Et du travail qui se déroulait dans de très belles conditions et une très jolie ambiance ». Et ils ne pouvaient pas manquer Thierry Malandain, directeur artistique du Festival et du CCN-Malandain Ballet Biarritz depuis 1997, Didier Deschamps, actuel directeur de Chaillot Théâtre de la Danse qui conçut l’ouverture du Centre Chorégraphique National de Biarritz.

A ce propos Thierry Malandain se souvient : « Quand avec Yves (Yves Kordian, Administrateur du Ballet) nous sommes arrivés à l’heure dite, la salle du restaurant était pleine. Didier Deschamps nous attendait. Et c’est là qu’il m’a annoncé qu’un Centre Chorégraphique National allait être créé à Biarritz et qu’il m’en proposait la direction ». Et pour venir à nos jours le jeune chorégraphe associé du Malandain Ballet Biarritz Martin Harriague s’exprime ainsi : « Ce qui est certain, c’est que Le Temps d’Aimer donne envie d’essayer de se réinventer, de voir comment on peut y participer et d’être présent au Pays basque ».

Venons à l’édition de ce trentenaire qui a dû se confronter à la crise sanitaire empêchant diverses compagnies étrangères de venir en France. L’offre chorégraphique reste à un niveau élevé conservant ses particularités qui caractérisent depuis toujours le festival : son ouverture vers les nouveautés et des propositions chorégraphiques de styles différents.

Le samedi 12 Septembre ce sera à la compagnie L’Octogonale et au CCN Malandain Ballet Biarritz d’ouvrir les danses. La compagnie locale offrira à la Gare du Midi une soirée à l’enseigne de la belle musique et d’une danse raffinée avec Beethoven 6 et Mozart à 2 de Thierry Malandain.

Le dimanche 13, premier rendez-vous avec la Gigabarre, moment rassembleur de tous les amateurs de danse qui, cette année, aura lieu au Parc Mazon et sera organisé par le CCN Malandain Ballet Biarritz accompagné par les musiciens de l’Académie Maurice Ravel. Le soir le public pourra découvrir Cellule de la Nach Van Van Dance Company, travail inspiré du Krump, style de danse urbaine américaine, né dans les ghettos de Los Angeles dans les années 2000 avec un but récréatif et social malgré ses apparences guerrières et puissantes. Puis, le programme continue avec l’énergie de La Horde, compagnie à la tête du Ballet National de Marseille. A ne pas manquer le lundi 14 Septembre la dernière création, N’ayez pas peur de la passionnante chorégraphe Christine Hassid de retour à Biarritz et le mardi 15 Septembre Oüm de Fouad Bossouf (Compagnie Massala), dernier volet d’une trilogie dédiée à la danse du Maghreb où le chorégraphe intègre avec maîtrise la danse contemporaine et le hip hop.

Les univers fantastiques et de rêverie de Système Castafiore avec Anthologie du Cauchemar et le dialogue chorégraphique, Magma, entre Marie-Agnès Gillot et Andrés Marin animeront la soirée de mercredi 16 Septembre avec un duo signé Christian Rizzo. Le lendemain le chorégraphe associé au Malandain Ballet Biarritz Martin Harriague évoquera dans sa pièce Serre son ressenti personnel vécu pendant le confinement.

Le vendredi 18 Septembre les Korzo Productions dirigés par le chorégraphe Antonin Comestaz partagera la scène du Théâtre du Casino avec Martin Harriague pour une création, a-live, incitant à la reconnaissance des pouvoirs de la danse pour l’élévation de l’homme.

Le week-end de clôture du festival proposera un nouveau rendez-vous avec la Gigabarrre cette fois dirigée par Kader Belarbi et accueillera dans les soirées du 19 et 20 Septembre deux compagnies de ballet représentatives de l’esthétique classique : Les Ballets de Monte-Carlo dirigés par Jean-Christophe Maillot qui proposeront Vers un pays sage et Altro Canto et le Ballet du Capitole de Toulouse sous la direction de Kader Belarbi avec A nos amours, quatre pièces chorégraphiques dédiées à l’exploration des sentiments d’attachement et de perte interprétées par les étoiles et les solistes de la compagnie.

Une autre décennie s’ouvre, nous souhaitons une longue vie au Temps d’Aimer !

Pour découvrir la programmation complète :https://letempsdaimer.com/

Antonella Poli

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