Sylvia

Sylvia, Martina Arduino-ph.Brescia Amisano

Manuel Legris puisait dans la tradition de la danse française pour créer sa version de Sylvia. Ce ballet fut créé en Novembre 2018 au Wiener Staatsoper et avait été présenté au Théâtre La Scala de Milan le 17 Décembre 2019. Du  11 au 26 Mai prochain, Sylvia sera à nouveau sur les scènes du théâtre milanais avec le Ballet du Théâtre La Scala, dont  Manuel Legris est son directeur artistique. 

Sylvia fait partie du patrimoine historique de la danse classique et il marqua la période décadente française qui suivit celle où le ballet romantique s’imposa.

Louis Mérante fut l’auteur de la chorégraphie, Jules Barbier et Jacques de Reinach écrivirent le livret. La milanaise Rita Sangalli fut la première Sylvia le 14 juin 1876 sur les scènes du nouvel Opéra, le Palais Garnier, après l’incendie de la salle Le Peletier. Léo Delibes écrivit la musique, une partition très riche aux différentes couleurs sonores et aux changements rythmiques parfaitement écrits pour illustrer la dramaturgie du ballet. Même Tchaïkovski fut tellement fasciné qu’il affirma qu’il n’aurait jamais composé Le Lac des Cygnes s’il l’avait entendu auparavant.

Le livret revient aux sources mythologiques. Diane, la chaste et farouche déesse, préside aux ébats de ses nymphes chasseresses. Malheur à celles qui se laissent séduire par des aimables mortels ! C’est pourtant ce qui arrive à Sylvia. Diane aurait pu se venger, comme on peut le croire tout au long du premier acte mais pour une fois elle se montre clémente et laissera Eros unir les deux amoureux, Sylvia et le berger Aminta.

La chorégraphie de Mérante fut ensuite remaniée par Léo Staats, Albert Aveline, Serge Lifar et une autre milanaise, Carlotta Zambelli, étoile de l’Opéra de Paris, reste parmi les interprètes les plus admirées dans le rôle principal de la version d’Aveline. D’un point de vue historique, Sylvia puise aussi ses racines dans la tradition de la littérature bucolique ; notamment, elle s’inspire de l’œuvre théâtrale Aminta de l’écrivain italien Torquato Tasso (1573). L’argument raconte l’histoire d’amour entre la nymphe Sylvia et le berger Aminta.

Manuel Legris, rafraîchit cet ancien ballet en lui donnant une touche raffinée et élégante, où la pureté de la danse classique est mise à l’honneur. « Je ne pouvais créer Sylvia qu’avec tout mon patrimoine de la danse classique que je maîtrise » affirme-t-il. En effet, Manuel Legris gardait encore des souvenirs très vivants et fabuleux de la somptueuse version de Sylvia de Lycette Darsonval (1976), connue quand il était élève de l’Ecole de Ballet de l’Opéra de Paris.

En collaboration avec Jean-François Vazelle, Manuel Legris revoit l’histoire de sorte que l’expression des sentiments des principaux interprètes soit toujours valorisée. Il crée pour eux des variations qui nécessitent un haut niveau technique, sans sous-estimer les scènes d’ensemble remarquables, réservées au corps de ballet, dans lesquelles nymphes, faunes, satyres et créatures fantaisistes dansent harmonieusement dans un univers bucolique.

L’une des nouveautés les plus importantes de cette version est l’introduction du prologue, nécessaire pour montrer l’univers conflictuel intérieur de Diane, nostalgique de son histoire d’amour avec Endymion, mais obligée d’imposer la chasteté à ses nymphes.

Maria Celeste Losa (Diana) – ph.Théâtre La Scala

Les personnages masculins, Aminta, Eros et Orion sont mis en valeur : Manuel Legris, qui avait dansé sous la direction de Rudolf Noureev à l’Opéra de Paris, reprend l’héritage du grand maître, leur réservant des rôles fondamentaux, qui nécessitent également une valeur technique considérable. Le troisième acte, qui se déroule au temple de Diane, commence par les danses bacchanales vives et riches avant l’arrivée d’Aminta, Eros et Sylvia, à laquelle est réservée la célèbre variation sur la musique pizzicato de Delibes.

La grâce et la maîtrise de la technique classique mettent en valeur la danseuse. Les notes du violon, aux sonorités gitanes, accompagnent le pas de deux entre Sylvia et Aminta avec poésie, le premier dans lequel les deux amants peuvent enfin se retrouver avec le consentement d’Eros. Mais ce n’est pas le seul, car après les deux variations d’Aminta et Eros avec une éblouissante série de pirouettes à la seconde, les deux amoureux peuvent toujours danser librement ensemble. Un moment de fête sublimé par les tours en attitude devant de Sylvia : un pas techniquement extrêmement difficile, aujourd’hui rare dans les ballets classiques. 

Jusqu’au 26 Mai au Théâtre La Scala de Milan

Antonella Poli

Partager
Site internet créé par : Adveris