Grande figure de la danse française, une des notions avec laquelle nous souhaitons le saluer est celle de corps émerveillé . Il explique que « le corps émerveillé est un corps en devenir, matière en fusion plutôt que sédimentation. La danse est une poésie du mouvement dans laquelle le danseur est individu. A cette danse-là, il faut un corps sans règles du jeu toutes faites ». Et dans le même article, Dominique Dupuy note aussi à tel propos que « rien ou presque ne résiste à l’entrainement. Le corps peut faire plus qu’on ne croit, à tout s’adapte l’intelligence » (Dupuy, 1990).
Avec un communiqué de presse, le chorégraphes Associé.e.s reconnaissaient l’homme du mouvement, l’homme de pensée et d’écrits, l’homme d’engagement. Dominique Dupuy consacre sa vie à la danse, particulièrement à l’avènement de la danse moderne en France puis à la reconnaissance de la danse contemporaine.
Intéressé autant par le théâtre que par la danse sa rencontre avec Jean Weidt (le danseur rouge) en 1937 détermine son parcours de danseur comme il aimait à se nommer. Il danse dans sa compagnie Les ballets des arts de 1946 à 1949, où il fait la connaissance de Françoise Michaud. Ensembles ils font partie du Théâtre d’essai de la danse, groupe de recherche fondé par la critique de danse Dinah Maggie, au côté de Jérôme Andrews, Jacqueline Robinson et Karin Waehner.
Françoise et Dominique sont indissociables dans nos mémoires. Le couple crée, invente, structure : une Compagnie Les Ballets modernes de Paris en 1955, le Festival des Baux de Provence de 1962 à 1969 où l’on découvre Merce Cunningham, une école à Paris les RIDC-Rencontres Internationales de Danse Contemporaine en 1969 – Le Mas de la danse en Provence en 1997. Il construit également les bases de ce qui fonde aujourd’hui notre héritage de chorégraphe par son engagement au sein du SNAC – syndicat national des auteurs compositeurs dès 1965 – et son action auprès de la SACD – société des auteurs et compositeurs dramatiques – au début des années 1970 pour la reconnaissance du statut d’œuvre pour la chorégraphie.
Au début des années 1980 Françoise comme Dominique acceptent des postes d’inspecteurs de la danse au Ministère de la Culture jusqu’alors réservés aux danseurs classiques, s’investissent dans l’IPMC-Institut de pédagogie musicale et chorégraphique – et l’IFEDEM qui devient le CND.
Parallèlement à ces engagements, Dominique danse souvent en solo et chorégraphie inlassablement, de la création, Le Mandarin merveilleux en 1965 que l’histoire de la danse retient comme étape vers une nouvelle esthétique, à WMD en 2005 un hommage aux chorégraphes Jean Weidt et Deryk Mendel, ses alter ego.
Sa dernière proposition en 2016 autour du Silence – portée par le Théâtre National de Chaillot – qui fait se côtoyer la pensée, la théorie et la pratique marque la fin du parcours d’un artiste obsédé par le geste juste.