La Belle au Bois Dormant

Chorégraphie : Alexey Ratmansky

Distribution : Svetlana Zakharova, Massimo Murru, les Premieurs danseurs et le Corps de Ballet de La Scala de Milan

Musiques : Tchaïkovski

bella addormentata Svetlana Zakharova e Jacopo Tissi

bella addormentata Svetlana Zakharova e Jacopo Tissi - Crédit : Brescia e Amisano Teatro alla Scala

La nouvelle version de Ratmansky de la Belle au Bois Dormant était très attendue au Théâtre La Scala de Milan pour différentes raisons.

Il s’agit d’un des ballets les plus célèbres de Petipa de par sa richesse et pour l’atmosphère de rêve qu’il dégage. Il fut créé en 1890 pour représenter les fastes de la cour du Roi Soleil et, il ne faut pas l’oublier, attira aussi en 1921 l’attention de Diaghilev, qui l’inclut dans la programmation des Ballets Russes. A cette occasion, il commanda les costumes à Leon Bakst, qui ne manqua pas de mettre en œuvre toute sa créativité pour les réaliser.

Aujourd’hui Alexey Ratmansky achève un autre gros travail de reconstruction historique. Il s’est basé sur la version originale de Petipa dont nous avons encore trace grâce au travail de notation de Stepanov, ex danseur des Ballets Impériaux de Saint Pétersbourg. Ce système de notation, objet d’un ouvrage intitulé L’Alphabet des Mouvements du Corps Humain publié à Paris en 1892, mettait directement en relation les mouvements dansés avec les notes musicales et il n’utilisait pas d’autres symboles abstraits, contrairement aux méthodes postérieures de Laban ou Benesh.

Pour recréer la Belle au bois dormant, Ratmansky a travaillé seul, directement d’après les documents de Stepanov. Il s’était déjà emparé de ce système de notation pendant les reconstructions de Paquita et du Corsaire.

Des pas plus petits, plus rapides et moins allongés caractérisent cette version, ce qui fait que les temps musicaux de Tchaïkovski sont parfaitement respectés. Un des moments chorégraphiques les plus réussis est la deuxième danse des Pierres Précieuses (dansée par Alessandra Vassallo, Marta Gerani et Chiara Fiandra, après l’entrée des Diamants (Virna Toppi), où les danseuses doivent être à la hauteur d’une grande complexité rythmique. Bien sûr, le spectateur se trouve face à un style de danse classique loin de celui d’aujourd’hui. Les arabesques sont moins hautes, les attitudes plus étroites ; en général, la conception de l’espace chorégraphique ne laisse pas la place à de grands envols.

La scénographie est somptueuse et les protagonistes sur scène sont toujours très nombreux. Pour cette nouvelle version, Richard Hudson a signé les costumes en s’inspirant directement de ceux de Léon Bakst. Ils sont très riches, faits de broderies et de dentelles précieuses et ils contribuent à créer un spectacle somptueux.

Le rôle d’Aurore a été dansé dans la soirée d’ouverture du 26 Septembre par Svetlana Zakharova, dont on ne discute pas le niveau technique. Pour l’occasion, elle a dû s’emparer d’un style auquel elle n’est peut-être pas trop habituée. Elle n’avait pas la possibilité de montrer toutes ses capacités techniques, surtout en ce qui concerne les développés ou les arabesques, et l’expression n’était pas toujours au rendez-vous. A ses côtés, Jacopo Tissi, jeune diplômé de La Scala, a dû remplacer à la dernière minute Sergei Polunin. Rien à dire sur son exécution : sûr de lui, il a assuré dans le pas de deux des noces. A remarquer les belles lignes de ce danseur, doué d’un physique exemplaire. L’étoile Massimo Murru a fait un grand retour sur la scène de La Scala dans le rôle de Carabosse. Les attentes ont été comblées car le public a pu admirer sa grande personnalité et ses capacités interprétatives lui ont permis de représenter toute la méchanceté requise par son rôle.

Nicoletta Manni a été splendide en tant que Fée des Lilas : la première danseuse de La Scala a été à la fois autoritaire dans les scènes qui demandaient une forte présence théâtrale et parfaite dans les variations, surtout celles du premier acte.

Cette Belle au Bois Dormant s’affirme par sa valeur de reconstruction historique et les musiques de Tchaïkovski contribuent à faire revivre l’atmosphère de rêve et de conte de ce ballet.

Une coproduction ABT et Théâtre La Scala de Milan, jusqu’au 23 Octobre à la Scala de Milan

Nicoletta Manni-ph.Brescia e Amisano

Nicoletta Manni-ph.Brescia e Amisano

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