Variation(s)

Chorégraphie : Rachid Ouramdane

Distribution : Annie Hanauer et Ruben Sanchez

Musiques : Jean Baptiste Julien

Annie Hanauer-ph.Nicolas Lelièvre

Après ses derniers spectacles où Rachid Ourmadane abordait des thèmes sociaux ou bien des dimensions capacitaires hors norme (voir son travail avec la compagnie XY), le chorégraphe, Directeur de Chaillot Théâtre national de la Danse présente Variation(s), un spectacle né d’une recherche visant à explorer la relation musique-geste. Certes, danse et musique ont été toujours liées et leurs rapports ont été aussi au centre de multiples discussions dans l’histoire de la danse.

Pendant la période de création, Rachid Ouramdane avait été inspiré par cette phrase de Fernand Schirren, grand théoricien et praticien du rythme qui avait travaillé à l’Ecole Mudra de Maurice Béjart et dans les années plus récentes avec Anne Teresa de Keersmaeker : « Essayez de repérer la différence dans le même ». Il suffit imaginer les perspectives créatives liées à cette affirmation.

La particularité de cette pièce créée en 2019 et composée de deux soli de la même durée (env. 25 minutes) met l’accent sur les qualités interprétatives des deux danseurs : Ruben Sanchez et Annie Hanauer.

 Ils sont déjà bien connus par Rachid Ouramdane pour avoir déjà collaboré ensemble. Leurs corps sont différents autant que leur manière de sentir et faire danser la musique de Jean Baptiste Julien.

Ruben Sanchez explore la musique valorisant ses aspects rythmiques ; sa tap dance exécutée sur une planche posée au milieu de la scène marque chaque mesure de la partition musicale. En outre, il crée des épaisseurs différentes pour certaines notes quand il commence à claquer le sol différemment avec les fers des pointes et talons de ses claquettes tout au long de son solo.

Il imprègne ainsi au son une nouvelle qualité physique et matérielle ; son corps suit, à la fois tonique et souple, s’amusant à jouer avec la musique.

Dans le deuxième solo le corps d’Annie Hanauer creuse dans les plis les plus profonds de la mélodie, dégageant une danse libre et fluide (sa prothèse au bras n’est pas certainement un obstacle ) . Elle traverse l’espace, tout son corps est touché par les émotions que la musique peut lui dicter. Elle s’engage alors dans des passages vertigineux à la limite de la transe où elle semble perdre tout contrôle. Plutôt qu’en saisir le rythme, Annie Hanauer incarne la puissance de la musique comme source génératrice du mouvement. Grâce à la danse, la mélodie de la musique devient un espace global, un continuum émotionnel qui valorise tous les aspects qualitatifs de la musique. Rappelons-nous de la célèbre citation de Balanchine qui disait : « Voir la musique, écouter la danse ». Variation(s) semble s’en inspirer….

Paris, Chaillot – Théâtre national de la Danse, 11 Janvier 2023

Antonella Poli

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