La Bayadère et la nouvelle étoile Paul Marque

Chorégraphie : Rudolf Noureev

Distribution : Les étoiles, les premiers danseurs et le Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris

Musiques : Ludwig Minkus

Paul Marque (Capture d'écran Opéra de Paris)

Le public attendait La Bayadère, dernier chef d’œuvre du répertoire signé Rudolf Noureev, un grand ballet classique finalement de retour à l’Opéra national de Paris. Les dernières décisions du gouvernement français (fermeture des théâtres et des cinémas jusqu’au 7 janvier 2021) empêcheront de se rendre à l’Opéra Bastille pour se plonger dans l’atmosphère exotique du ballet. Mais l’Opéra national de Paris a ouvert une plateforme en ligne, « L’Opéra chez soi » qui a permis aujourd’hui 13 Décembre d’assister à la diffusion numérique live de la Bayadère. Cette nouveauté fait partie de nouvelles initiatives annoncées par le nouveau Directeur de la maison parisienne Alexander Neef pour soutenir le bilan financier du théâtre parisien fortement touché depuis un an.

C’est ainsi que le rendez-vous a eu lieu, comme une matinée habituelle du dimanche. Dernière création de Noureev (1992) présentée à l’Opéra quand il était déjà fortement malade, la Bayadère d’aujourd’hui a présenté un outre aspect inédit : les rôles principaux de Nikiya, Solor et Gamzatti ont été dansés par des étoiles différentes dans les trois actes : dans l’ordre, Dorothée Gilbert, Amandine Albisson et Myriam Ould-Braham (Nikiya) ; Germain Louvet, Hugo Marchand et Mathias Heymann (Solor) ; Léonore Baulac et Valentine Colasante (Gamzatti). Cela a été une bonne décision de la Direction qui a permis d’une part de faire participer plusieurs étoiles à cette représentation et d’autre part de mettre en valeur leurs différentes qualités artistiques. Le lyrisme de Myriam Ould-Braham du troisième acte et les interprétations riches d’émotion de Dorothée Gilbert (premier acte) et d’Amandine Albisson (deuxième acte) ont mis en valeur le personnage de Nikiya, la Bayadère sacrifiée qui peut retrouver son aimé Solor idéalement, dans l’acte des Ombres. Aucune dissonance aussi dans l’alternance des danseurs masculins. L’âme de Solor est restée vivante tout au long des trois actes.

Certes, nous avons assisté à cette magnifique production mais les vibrations que seulement la scène peut donner nous ont manquées. A partir des silencieux remerciements des danseurs à la fin de leurs variations, aucun applaudissement n’a pu saluer leurs prestations.

Mais pour consacrer cette première, Aurélie Dupont, Directrice de la Danse a pensé à la nomination de Paul Marque (23 ans) au grade ultime de danseur étoile. Il dansait l’Idole d’or. Le premier danseur s’était déjà fait remarquer pour sa sensibilité musicale et ses qualités capables de dégager une gestuelle « poétique ». En 2018, Chroniquesdedanse soulignait sa performance dans A suite of dance de Jérôme Robbins : « A Suite of dances, solo composé sur des extraits des Suites pour violoncelle seul de Bach, nous confirme toutes les qualités du premier danseur Paul Marque. Son corps entre en dialogue avec le violoncelle. Ses mouvements le suivent parfaitement, comme un flux continu qui s’arrête seulement à la fin de la musique. L’exécution de cette pièce requiert un grand sens rythmique, une grande concentration pour suivre toutes les nuances de la partition et une fusion complète avec l’instrument musical ». Et en février 2019, lors de sa prise de rôle du Prince Siegfried dans Le Lac des Cygnes de Noureev, il nous avait étonnés par sa maturité et pour avoir su rendre intensément toutes les nuances psychologiques du personnage qu’il incarnait.

Cette nomination colore d’une note d’optimisme cette Bayadère et nous projette vers le futur avec l’espoir de voir briller sur scène cette nouvelle étoile.

Antonella Poli, 13 Décembre 2020

Partager
Site internet créé par : Adveris