Transis

Chorégraphie : Luc Petton

La troisième édition de Monuments en mouvement s’est close au Château de Pierrefonds (Oise), imposante construction classée Monument Historique et gérée aujourd’hui par le Centre des Monuments Nationaux.  Le château, qui fut édifié à la fin du XIVème siècle par Louis d’Orléans, fut entièrement reconstruit dans la deuxième partie du XIXème siècle sous la volonté de Napoléon III, qui confia les travaux de restauration à l’architecte Eugène Viollet Le Duc. Du site originaire ne restaient que des ruines. Il fut complètement refait pour redonner lustre à l’architecture française du moyen âge et de la Renaissance. Viollet Le Duc ne négligea aucun détail : en plus de reconstruire la totalité du bâtiment avec tout l’esprit de la grandeur impériale, il fit ériger un donjon et décora le château avec toute une série de gargouilles qui n’avaient rien à envier à celles de Notre Dame. Sa créativité, témoignée par les dessins conservés dans le château, le poussat même à créer des gouttières crocodiles, encore visibles aujourd’hui.

La rencontre de Luc Petton avec ce lieu a inspiré le chorégraphe pour présenter Transis, une adaptation de la pièce pour théâtre Ainsi la nuit où loups, chouettes et vautours dialoguent avec les danseurs. Le spectacle commence dans la grande cour d’honneur. Les interprètes aux longues tuniques s’emparent du lieu et entrent en symbiose avec le bestiaire qui décore le périmètre extérieur de la salle des preuses, en simulant des luttes entre animaux et en faisant des grimaces de bêtes féroces. Un loup fait son apparition et semble être fasciné par ce qui l’entoure, explorant le lieu avec calme.

La deuxième partie, très intéressante, se déroule dans la salle des gardes. Ici, des chouettes et des vautours suivent chaque mouvement  en restant sur les bras des danseurs, devenant parties intégrantes des mêmes artistes. Les animaux ne sont pas désorientés et ils ne s’échappent pas. Le charme ancien de cette salle avec une vétuste cheminée en pierre dégage un air de mystère ; les mouvements fluides et étirés des danseurs redonnent de l’âme aux anciennes pierres. Rien n’est plus intéressant que de redécouvrir ce rapprochement opéré pas Luc Petton entre l’homme et l’animal, dans le sillon que le philosophe George Bataille avait tracé, c’est-à-dire la reconnaissance d’une continuité entre les deux espèces. Une double valeur donc à Transis et plus en général à la manifestation Monuments en mouvement qui nous permet de faire revivre l’histoire d’anciens monuments en créant un lien avec notre patrimoine.

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