Compagnie Nationale de Danse d’Espagne

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Le public parisien du Théâtre des Champs Elysées a réservé un grand accueil à la Compagnie Nationale d’Espagne dirigée par José Martinez.

Il s’agit d’un retour en France de l’ex-étoile de l’Opéra de Paris qui revient aujourd’hui en tant que directeur de cette compagnie.

Cette tournée était attendue : la troupe ne s’était pas produite à Paris depuis plusieurs années et la découverte du travail de José Martinez, très connu évidemment en France, suscitait la curiosité.

Le programme présenté était composé de trois pièces appartenant au répertoire contemporain, démonstration de l’ouverture donnée par son directeur qui, au cours de la conférence de presse organisée en novembre 2014, avait mis en avant le désir de former une compagnie classique et néoclassique sans dénier la danse contemporaine.

Le ballet Sub a ouvert la soirée : composé pour sept danseurs, la remarquable énergie qui s’en dégage ne se transforme toutefois pas en violence. Il y a des luttes entre les danseurs, avec leurs corps musclés qui s’affrontent avec force sur la musique rythmée de Michael Gordon, mais ces différents passages de la chorégraphie ne sont en fait que révélateurs d’une grande puissance. Les danseurs avec leurs jupes noires semblent se battre contre des forces obscures et un fort sens d’animalité est également présent dans cette pièce.

Extremely Close d’Alejandro Cerruto est un ballet d’un registre totalement différent. Il est abstrait, marqué par une esthétique visuelle, on croirait regarder des images en noir et blanc. En fait, les costumes très essentiels et noirs des danseurs s’opposent aux plumes blanches éparpillées sur le sol et aux tableaux clairs glissant sur scène qui constituent les seuls éléments du décor. Ceux-ci font aussi partie de la danse, car leur mouvement marque les séquences de la chorégraphie avec l’alternance de ses protagonistes. La musique de Philip Glass et de Dustin Ohalloran accompagne cette pièce, où l’on retrouve le style épuré de Kylian et des duos brefs mais touchants grâce à leur sensualité.

La soirée se conclut avec Casi Casa, la version plus courte d’Appartement de Mats Ek. José Martinez apprécie beaucoup le chorégraphe suédois et dans le futur il souhaite faire entrer dans le répertoire de sa compagnie un autre de ses ballets majeurs, La Maison de Bernarda.

Dans Casi Casa, une pièce très écrite, les danseurs ont montré une bonne capacité d’interprétation, une des qualités les plus importantes requises pour ce ballet qui arrive à saisir et représenter avec ironie et profondeur les lieux communs, les contrastes, les paradoxes qui peuvent naître dans nos propres maisons. L’analyse de Mats Ek est profonde et rendue sur scène par des images simples mais très significatives.

L’exécution de cette oeuvre a consacré la valeur de cette compagnie qui s’est révélée d’une grande unité et douée d’un fort caractère, tout en montrant bien évidemment tout son niveau technique.

Paris, Théâtre des Champs Elysées, 27 Janvier 2015

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