Speechless Voices

Chorégraphie : Cindy Van Acker

Distribution : Stéphanie Bayle, Mathieu Chayrigues, Aurélien Doungé, Sonia Garcia, Laure Lescoffy, Daniela Zaghin

Musiques : Mika Vainio, J.S.Bach

ph.Mathilda Olmi

Speechless voices présenté au Carreau de Temple les 23 et 24 janvier derniers dans le cadre du festival Faits d’hiver, est un hommage au compositeur décédé Mika Vainio, auteur des musiques de la pièce.

Cindy Van Acker, conçoit une pièce abstraite où les corps physiques des danseurs sont porteurs de mouvements purs et immatériels, expression d’états intérieurs qui se transforment au long des deux premiers tableaux principaux. La pièce s’ouvre dans une atmosphère d’apaisement : les sons mélodiques d’une boîte à musique créent un espace tranquillisant dans lequel les six interprètes tendent à l’immobilisme. Leurs gestes ralentis n’empêchent pas les danseurs de se chercher et de se rapprocher pour créer des micro-univers où les rencontres et les contacts réciproques sont source d’une poésie silencieuse, transmettant des sensations délicates.

La communauté humaine représentée semble être animée par le désir de construire des liens entre individus. Tout cela est renforcé par une dominante couleur blanche tranquillisante. Tout est blanc : les costumes des danseurs, les draps qui en font le décor. Le vocabulaire de la chorégraphe devient encore plus minimaliste dans le deuxième tableau où des mouvements géométriques se substituent aux précédents plus fluides et moins mesurés. Cette évolution reflète un changement d’ambiance. La solidarité et le sens de communion auparavant dégagés par les corps, disparaissent, substitués par l’affirmation de fortes singularités. Un sentiment d’éloignement et de fermeture sur soi les remplacent. Les danseurs, maintenant en costumes noirs, s’éloignent entre eux, se détachent comme pour affirmer leurs singularités. Les sonorités de la musique minimaliste deviennent plus marquantes, l’atmosphère est envahie de sensations d’individualisme, parfois délirantes. Cette transformation a lieu « sans voix », comme le dit en français le titre de la pièce, s’inscrivant dans une évolution naturelle des individus.

La partie finale, un troisième tableau sur les, s’ouvre avec le récit d’un texte de Pasolini anti-bourgeois, suivi par des scènes qui s’inspirent du film Médée : Speechless voices aurait pu s’achever avant, cette conclusion n‘apportant rien de plus à la pièce déjà suffisamment éloquente dans les deux premiers tableaux. L’écriture chorégraphique très signifiante de Cindy Van Acker avait déjà touché les esprits.

Paris, Carreau du Temple, 23 Janvier 2020

Antonella Poli

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