Violin Concerto-Abstract/Life

Chorégraphie : Balanchine-Maillot

Distribution : Les Ballets de Monte-Carlo

Musiques : Stavinsky-Mantovani avec l'Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo

Abstract/Life-ph.Alice Blangero

Au Grimaldi Forum de Monte-Carlo, c’est bien connu, on met toujours la barre haute. Cette fois -ci, dans le cadre du Festival Printemps des Arts, les Ballets de Monte-Carlo dirigés par Jean-Christophe Maillot ont dépassé toute attente.

Au programme du 26 au 29 Avril, deux ballets apparemment lointains dans leurs esthétiques : Violin Concerto de Balanchine et la création de Jean- Christophe Maillot, Abstract/Life.

Dans Violin Concerto, sur les musiques crées par Stravinsky en 1931 et chorégraphiées par Balanchine à l’occasion du New York City Ballet’s Stravinsky Festival de 1972, les danseurs ont mis en valeur toute la virtuosité technique et le génie de son chorégraphe, surtout dans la conception des pas de deux. Rythmiquement calée sur les notes de Stravinsky, le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, la pièce fondamentalement abstraite régale le public de par ses images équilibrées et symétriques. Tout simplement en collants noir et avec un décor épuré constitué seulement d’un fond de scène bleu ciel, les corps de danseurs deviennent des instruments musicaux tellement le lien entre le mouvement et la musique est étroit. L’unité de ce ballet se fait grâce à la succession de pas de deux (Debora di Giovanni avec Alexis Oliveira et Ekaterina Petina avec Matèj Urban) à la fois lyriques et rigoureux, dans le respect du vocabulaire chorégraphique de Balanchine. Violin Concert, qui est comparable de par sa dynamique au plus connu Agon, est un vrai hommage au répertoire du chorégraphe américain, d’origine russe, car son nom original était Balanchivadze.

Quant à la création de Jean-Christophe Maillot, Abstract/Life, elle a vraiment frappé les esprits. Il a confié la partition musicale à Bruno Mantovani, compositeur, membre de l’Académie des Beaux-Arts et directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.

Il s’agit d’une musique abstraite, comme le dit son titre, Abstract, mais avec une histoire musicale derrière basée  sur les contrastes entre l’orchestre et le violoncelle, entre des passages plus denses et d’autres plus éthérés.

 Jean-Christophe Maillot s’empare de ses sonorités pointues pour créer un univers qui va au-delà de toute référence réelle et temporelle. L’atmosphère est ténébreuse sans jamais offrir de scènes de violences, les lumières basses. Des créatures anonymes, cagoulées, toutes avec le même collant de la tête aux pieds, forment une communauté en quête d’identité, de leur Life. Leur relation est très intense. Le langage chorégraphique de Jean-Christophe Maillot, incisif et unique car il se base à la fois sur une technique classique solide avec une intention du geste tout à fait contemporaine, se révèle dans toute sa richesse et sa créativité.

C’est encore plus évident si on le rapporte à la partition musicale : il n’y a jamais une note qui ne trouve pas sa correspondance dans un mouvement dansé, que ce soit dans un port de bras, un regard ou simplement dans un pas. Une créature féminine, comme une fée, anime au début de la pièce un groupe d’êtres qui défilent en diagonale et qui, au fur et à mesure, sont rejoints par d’autres qui viennent peupler cette planète inconnue. Un gros coup de tonnerre, en guise d’explosion, marque le passage à un autre état de choses. Comment pouvoir survivre à un tel changement ? Une sorte de renaissance apparaît, ces créatures si anonymes, si neutres, prennent des semblances tirées du monde végétal ou de celui des galaxies. Les costumes dessinés par Aimée Moreni laissent entrevoir ces nouvelles transformations.

La pièce se conclût en laissant une libre interprétation sur un futur qui reste incertain. En revanche, l’opulence de sa structure chorégraphique reste incontestable.

Monaco, Grimaldi Forum, 28 Avril 2018 

Antonella Poli

 

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