Concours de Jeunes Chorégraphes

L'ensemble des chorégraphes finalistes et leurs danseurs-ph.Olivier Houeix

La salle de la Gare du Midi de Biarritz était au grand complet dimanche 24 Avril pour la première édition du Concours de Jeunes Chorégraphes, une étape importante qui montre toute la volonté du Pôle Chorégraphique du grand Sud-Ouest, composé du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux, du Ballet du Capitole de Toulouse et du CCN Malandain Ballet Biarritz, de soutenir concrètement la création chorégraphique.

Il est évident que l’on traverse un période de crise artistique ; on est bien loin de l’effervescence des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Les œuvres classiques et néoclassiques, surtout, sont parfois oubliées à la fois des politiques culturelles du Ministère et des programmateurs des théâtres français. 

Trente-deux jeunes chorégraphes, appartenant aux grand théâtres européens mais aussi venant d’Etats-Unis, Israel et Russie avaient postulé (seize femmes et seize hommes). Ce sont les six finalistes retenus qui ont donné vie au spectacle de dimanche dernier, présentant des chorégraphies de 15 minutes.

Les propositions ont été variées et chaque artiste a montré son originalité et sa vision de la danse. Cette hétérogénéité ne peut que confirmer l’existence d’une grande vitalité qui trouve malheureusement des difficultés à émerger et à s’affirmer.  Le message est clair.

Le choix du jury composé d’Hélène Trailine, d’Ivan Cavallari, de Charles Jude, de Kader Belarbi et de Thierry Malandain, a été difficile ainsi que celui du jury des professionnels, comme pour le jury du public qui a voté en grande majorité.

Le verdict est tombé autour de 20h. Martin Harriague, français et aujourd’hui danseur et chorégraphe au Kibbutz Contemporary Dance en Israel,  a remporté avec Prince trois prix : le deuxième prix du jury, qui consiste en une résidence d’un mois au sein du Malandain Ballet Biarritz suivie par une création pour cette même compagnie pour la saison 2016-2017 ; le prix des professionnels (soutien de 3000 euros) et le prix du public (soutien de 3000 euros).

Le premier prix du jury a été remporté par Xenia Wiest, allemande d’origine russe, danseuse et chorégraphe au Staastballet Berlin, avec la pièce To be continued créée en 2010. Elle  bénéficiera d’une résidence d’un mois au sein de l’Opéra de Bordeaux pour la création d’une œuvre dans la saison 2016-2017.

Les deux jeunes gagnants, âgés de 30 ans et 32 ans, étaient  très satisfaits de leur résultat à l’issue de la remise des prix. Martin Harriague exprime ainsi l’idée qui l’a guidée dans la création de Prince : «  L’extrait que j’ai présenté à ce concours fait partie d’un ballet pour six danseurs d’une heure qui s’appelle PICH, inspiré de la musique et du personnage de Piotr Ilitch Tchaïkovski,  qui sera présenté en première à Tel Aviv le 18 juin prochain. Naturellement, on y retrouve des extraits des musiques du compositeur russe qui ont accompagné les grands ballets classiques, mais pas seulement. En particulier Prince, sur les musiques de la Belle au Bois Dormant, naît avec le propos de nous livrer une vision de ce personnage différente de l’habitude : ce n’est plus un beau prince élégant, mais un homme commun, avec un gros ventre et dont on peut douter de la sexualité. Je voudrais sensibiliser l’attention aussi sur la question du genre qui actuellement est très d’actualité et aussi délivrer un message politique surtout compte tenu du pays où je travaille ».

Le propos est tenu : on comprend le travail de réflexion et de construction sous-jacent à cette pièce et le style de Martin Harriague s’affirme avec originalité, humour et ironie sans forcément casser l’atmosphère de conte.

La création de Xenia Wiest est plus sombre et plus intériorisée. La chorégraphe nous fait part de ses idées : » Je me suis interrogée sur les lois qui règlent notre vie et je me suis rendue compte que chaque perte nous ouvre les portes vers une nouvelle conquête. C’est cette dynamique que je veux exprimer à travers cette pièce. J’ai beaucoup travaillé pour les musiques avec le compositeur Patrick Soluri : j’entendais chaque morceau qu’il me proposait et je ne le choisissait pas avant qu’il me donne les sensations capables d’exprimer l’idée que la danse devait transmettre ».  

A ne pas oublier, le Prix de la Fondation Danse (soutien de 1000 euros) qui a été remporté par Ricardo Amarante (Ballet Royal de Flandre) avec sa pièce Love, Fear, Loss. Yvon Demol (danseur de l’Opéra de Paris et un des chorégraphes d’Incidence Chorégraphique dirigé par Bruno Bouché) et Olaf Kollmannsperger (danseur au Staatsballet Berlin), même s’ils n’ont pas été parmi les gagnants, ont été appréciés par le jury des professionnels, le premier pour son style limpide et la qualité de ses danseurs et le deuxième pour sa volonté d’apporter un langage chorégraphique détaché des schémas classiques. Artistes, directeurs de théâtres, critiques de danse et public ont reconnu la valeur de cette première édition, qui pourrait redonner de l’élan à la création en France. On s’interroge sur la date de la prochaine édition. La réponse reste dans les mains des institutions.

                                                                                                                                                                          Antonella Poli

Remise des Prix, le jury et les 6 chorégraphes finalistes-ph.Olivier Houeix

Remise des Prix, le jury et les 6 chorégraphes finalistes-ph.Olivier Houeix

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